
Marion Maréchal effectuait, ce samedi 20 septembre, sa rentrée politique. Non loin de la place de l’Étoile, dans un grand salon de la très chic avenue Hoche, plusieurs centaines de personnes se sont pressées pour venir écouter la députée européenne qui doit impérativement imprimer sa marque pour donner de l’étoffe au parti qu’elle préside, Identité-Libertés. Un événement d’envergure, puisque la nièce de Marine Le Pen a rassemblé ses alliés du groupe ECR (Conservateurs et Réformistes européens), quatrième force du Parlement européen avec 78 députés issus de 18 États membres, soit un peu plus de 10 % des sièges de l’hémicycle bruxellois. Le Polonais Morawiecki, président d’ECR, le Roumain Simion, vice-président, l’Italien Foti, ministre des Affaires étrangères, le Polonais Bielan, chef de la délégation polonaise à Bruxelles : ils étaient nombreux à avoir répondu à l’appel de leur alliée française. Marion Maréchal était naturellement entourée des députés et eurodéputés de son parti autour d'un thème directeur : « la droite qui gagne ».
Après une série de prises de parole et de tables rondes, c’est un soutien de poids qui est apparu sur le grand écran de la scène. Giorgia Meloni en personne a tenu à adresser un message de fervent soutien à Marion Maréchal. Pour la première fois, la dirigeante italienne s’exprime en France dans la langue de Molière, qu’elle semble bien maîtriser. Une Meloni tout auréolée d’un nouveau succès retentissant : l’Italie vient de voir sa note relevée par l’agence Fitch, vendredi soir, passant de BBB à BBB+, quand celle de la France était abaissée, la semaine dernière, passant de AA- à A+. Un nouveau camouflet pour la politique d’Emmanuel Macron et, a contrario, une note très optimiste pour nos voisins méditerranéens. La présidente du Conseil italien n’a pas manqué de se féliciter d’un « signe clair de la confiance des marchés internationaux » vis-à-vis de la politique de son gouvernement qui « porte ses fruits ».
Meloni, l'Italienne qui a fait l'union des droites
Dans son message enregistré, Giorgia Meloni a tout d'abord tenu à « rendre un hommage sincère à Charlie Kirk qui a payé de sa vie, le courage de ses idées et le prix de sa liberté ». « Son sacrifice nous rappelle de quel côté se trouvent la violence et l’intolérance », a-t-elle ajouté d’un ton très ferme, avant de revenir sur les raisons de son accession au pouvoir : « En 2022, nous avons gagné car nous avons replacé la politique au centre. Avec une coalition et un programme commun, avec une volonté de présenter une alternative claire à la gauche. […] En Italie, nous avons démontré que non seulement la droite était capable de gagner les élections, mais surtout de gouverner. » Meloni invite la France à suivre le chemin qu’elle a emprunté : « La voie est celle de l’unité des droites et du centre droit comme Marion Maréchal le soutient depuis longtemps. »
Galvanisée par ce soutien de taille, l’ancienne députée de Vaucluse a livré une intervention très musclée où elle est apparue plus volontaire que jamais. Derrière elle, ce mauvais été où un terrible accident de la route a failli lui faire perdre la vie. Marion Maréchal revient dans l’arène avec la volonté d’en découdre, à l’image de son grand-père et de sa tante dont la combativité s’est toujours révélée dans l’adversité.
L’eurodéputée a dénoncé les vains changements de gouvernements et autres discussions budgétaires « qui nous détournent de l’essentiel qui a un prénom : Philippine ». Un drame qui, selon Marion Maréchal, est « le symbole horriblement parfait de l’enfer diversitaire, de l’impuissance publique, du laxisme des juges, de l’aveuglement coupable de nos dirigeants ». Et la femme politique de lancer, en évoquant l’assassin sous OQTF de la jeune fille de 19 ans : « Vous Français, vous avez nourri, logé le bourreau d’une de vos filles. » « Vous êtes la honte de ce pays », a-t-elle lancé aux élus de gauche ayant saisi le Conseil constitutionnel, alors que ce dernier vient de censurer la loi Marleix qui devait allonger le temps de détention d’un délinquant sous OQTF - une pourtant maigre tentative de réponse au drame de Philippine.
« L’avenir de nos enfants ne vaut-il pas une poignée de mains ? »
En évoquant le meurtre de la jeune fille, en développant l’idée du « Grand Remplacement » avec cette phrase musclée (« En Europe, il y a plus de migrants qui entrent que d’enfants qui naissent »), Marion Maréchal a voulu insister sur les thèmes qui peuvent rassembler pour mieux illustrer et ainsi revenir sur la matrice de son engagement politique : l’union des droites. À quoi bon une dissolution si les mêmes blocages empêcheront une politique de redressement, s'interroge celle qu'un récent sondage place en troisième personnalité politique préférée des Français, avec 33 % d'opinions favorables. « La solution, elle est simple et elle est réclamée par 70 % des électeurs de droite, tous partis confondus : la coalition des droites. » « Comment voulez-vous bâtir des majorités sans passer par les partis », a-t-elle souligné, en appelant toutes les formations politiques de droite « à accepter de remettre en question certains points de [leur] programme, trouver un chemin de compromis, discuter, débattre, avancer ». « Nous les entendons toute la journée nous parler de ce qui les sépare, mais pourrions-nous, une seconde, parler de ce qui nous réunit ? » Pour Marion Maréchal, « la conscience aiguë de la menace migratoire, l’urgence sécuritaire » sont les points fondamentaux, existentiels, qui nécessitent de « mettre autour de la table toute la droite ». Sur quel programme commun ? « Stopper l’immigration, sortir du socialisme mental, sortir de la folie woke » et « dégauchiser la France ». L’urgence est là car « la démographie rattrape la démocratie », alerte Marion Maréchal qui martèle, en prenant exemple sur Giorgia Meloni : « On prend le pouroir à plusieurs où on ne le prend pas. » Alors, à quand l’union des parties politiques de droite ? « L’avenir de nos enfants ne vaut-il pas une poignée de mains ? »
Ceux qui pensaient que Marion Maréchal s’effaçait s’égarent.
Yves-Marie Sevillia