CENSURE - Université de Toulouse : Jean-Frédéric Poisson censuré et privé de débat

Programme agricole de Jean-Frédéric Poisson, candidat à la primaire

Ce devait être un grand moment de débat d’idées, à quelques semaines de l’arrivée de la proposition de loi relative au droit à l'aide à mourir au Sénat, annoncée début janvier 2026.

Belle affiche

Fin octobre, la section toulousaine de l’association étudiante apartisane Parlement des Étudiants avait organisé la venue à l’Université Toulouse Capitole 1 de Jean-Frédéric Poisson, président du parti Via la voix du peuple (nouveau nom du Parti chrétien démocrate). Au menu, deux moments forts pour tout étudiant voulant s’intéresser à la vie politique, à l’état de la France et à ses perspectives, ainsi qu’au débat essentiel qui entoure la question de l’euthanasie et la proposition de loi sur le sujet, déjà adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale le 27 mai dernier.

Avec l’aval de la direction de l’université, l’équipe du Parlement des Étudiants avait prévu d’une part, une conférence de Jean-Frédéric Poisson, ouverte au public étudiant, sur la crise politique et institutionnelle que traverse la France, et de l’autre, un débat filmé sur la légalisation de l’euthanasie face au secrétaire général adjoint et responsable pour la Haute-Garonne et le Gers de l’Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité (ADMD), le doctorant en droit public Pierre Juston. En pointe dans le combat en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, l’ADMD est l’inspiratrice de la proposition de loi en cours d’examen au Parlement. Jean-Frédéric Poisson est docteur en philosophie, diplômé de la faculté libre de philosophie de Paris (IPC) et titulaire d'un master 2 de droit social. Une bien belle affiche, donc, qui avait été annoncée pour le 13 novembre.

Double annulation

Mais alors que la direction de l’Université Toulouse Capitole 1 et Pierre Juston avaient tous deux initialement donné leur accord, les deux ont ensuite opéré une marche arrière. Fin octobre, Pierre Juston a fait savoir son indisponibilité, puis celle de l’ADMD France pour le débat prévu. Et dans la foulée, c’est la direction de l’université qui informait les responsables du Parlement des Étudiants que la conférence ne pourrait pas avoir lieu, faute de salle disponible.

Le président de Via s’est alors ému de cette double volte-face sur son compte X, constatant être « empêché de débat sur l'euthanasie faute de contradicteur, et de conférence à l'Université... faute de salle », remerciant au passage le « Parlement des Étudiants de Toulouse de tenir bon face aux pétochards et idéologues qui tuent le débat d'idées. »

Un propos qui a suscité l’ire de Pierre Juston. « Invité à ce débat le 27 octobre, j’ai indiqué mon indisponibilité et celle de l’ADMD France le 28 », s’est-il d’abord justifié, avant d’attaquer vertement son ex-futur adversaire de débat, visiblement vexé : « pas d’esquive, j’ai l’habitude des "confrontations" avec des intégristes indélicats qui, comme vous, ont l’insulte facile », et de conclure et estimant que Jean-Frédéric Poisson se donnait « simplement trop d’importance

Pourquoi ces refus de débattre ?

Dans son communiqué sur le sujet, Via explique regretter ces annulations, et concernant celle de sa conférence, se demande « comment un homme reconnu pour sa tempérance, ses valeurs humanistes et son ancrage chrétien-social, peut-il être écarté d’un lieu universitaire censé incarner la liberté de pensée et le débat d’idées ? » Pour Via, « cette décision arbitraire, fondée sur des préjugés idéologiques, marque une nouvelle étape dans la censure politique qui gangrène nos institutions. »

Restent des questions sans réponses. Qui peut croire qu’un aussi vaste site universitaire que Capitole 1 ne puisse trouver une salle libre, quitte à différer la date de la conférence ? Or, a confié à BV Charles-Henri Jamin, directeur de cabinet de Jean-Frédéric Poisson, « aucune proposition alternative n’a été faite par la direction », direction que nous n’avons pas pu joindre. Quant à la volte-face de Pierre Juston, comment l’expliquer ? S’est-il soudain rendu compte que le président d’un parti pourtant ouvertement chrétien démocrate était un « intégriste » infréquentable ? Joint par BV, il nous a fait savoir n’être pas disponible pour nous répondre, nous renvoyant sur son responsable des relations presse, qui n’a pu nous expliquer l’attitude de Pierre Juston, mais nous a assuré que l’ADMD était « ouverte au débat avec Jean-Frédéric Poisson » sur la loi euthanasie.

Dont acte, mais pourquoi dans ce cas Pierre Juston, après avoir accepté le débat dans un premier temps, a-t-il opposé ensuite un simple refus, sans proposer une autre date ou un autre interlocuteur ? « C’est la première fois que je suis confronté à de tels refus de débattre », a indiqué Jean-Frédéric Poisson, joint par BV. « Je pense malheureusement que c'est le climat général qui fait qu'on interdit à François Hollande d'aller parler à Bordeaux, et à moi de parler à Toulouse. » Pour le chef de file de Via, « l'université, qui devrait être un lieu de débat, de libre échange, devient un lieu où toute forme de censure s'exerce, au fond, plus ou moins avouée, mais très concrète et très efficace. »
Ce 13 novembre pourtant, Jean-Frédéric Poisson a maintenu son voyage à Toulouse. Faute d’une salle universitaire, « on ira boire un coup au Grand café le Florida [place du Capitole à Toulouse]. La conférence avec les étudiants toulousains aura bien lieu. »

Etienne Lombard

Date de dernière mise à jour : 13/11/2025

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