
La veuve du journaliste dissident Jamal Khashoggi, tué en 2018 par des agents saoudiens ne comprend pas l'attitude complaisante de Trump face à MBS.
La veuve du journaliste dissident Jamal Khashoggi, tué en 2018 par des agents saoudiens, s’est dite mercredi « bouleversée » après la rencontre la veille à la Maison Blanche entre Mohammed ben Salmane et Donald Trump, où le président américain a pris la défense du prince héritier saoudien.
« Cela m’a beaucoup bouleversé, et j’ai été déçue », a déclaré Hanan Elatr Khashoggi dans un entretien avec l’AFP, soulignant que le président Trump était « mal informé au sujet de Jamal Khashoggi ».
« Jamal Khashoggi était un homme stable, courageux, transparent et un journaliste professionnel », a-t-elle ajouté, alors que le président américain a parlé mardi d’une personne « extrêmement controversée ».
Donald Trump a défendu avec vigueur le prince héritier saoudien, qu’il a reçu à la Maison Blanche avec tous les honneurs, disant que Mohammed ben Salmane « n'était au courant de rien ».
Les services secrets américains ont pourtant pointé sa responsabilité directe dans l’assassinat du journaliste.
Mme Khashoggi s’est encore dite « choquée » de voir le président américain tenter de « faire taire » la journaliste de la chaîne ABC qui posait une question à ce sujet, ainsi que de la manière dont son mari a été présenté « comme s’ils parlaient de quelqu’un d’autre ».
Résidant aux États-Unis, critique du pouvoir saoudien après en avoir été proche, Jamal Khashoggi a été tué dans le consulat saoudien à Istanbul par des agents venus d’Arabie saoudite.
Son corps, démembré, n’a jamais été retrouvé.
La veuve du journaliste, qui a obtenu l’asile politique aux États-Unis, a confirmé avoir écrit à M. Trump avant la visite du prince héritier, pour l’aider à obtenir réparation mais sans recevoir de réponse.
Dans un message sur X mardi, après que le prince héritier eut parlé d’une « énorme erreur » concernant l’assassinat du journaliste, elle avait appelé à le rencontrer afin qu’il « présente ses excuses et m’indemnise pour le meurtre de mon mari ».
« Malheureusement, je n’ai aucune réponse de leur part », a-t-elle dit en affirmant vouloir « retrouver les restes » de son mari afin de « l'enterrer avec dignité et demander des excuses officielles et réparation financière ».
Interrogée sur le faste de la visite à Washington de « MIS », qui a conclu avec les États-Unis nombre de juteux contrats, elle a répondu que son mari, « s'il avait été là, en aurait été heureux ».
Mais « je suis très déçue de voir que l’Amérique renonce à ses valeurs, les droits de l’homme et la démocratie », a-t-elle ajouté.
Le Livre Rouge