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VOL DU LOUVRE - Les joyaux de l’impératrice Eugénie, témoins de notre Histoire

Eugénie, la belle Espagnole qui a conquis Napoléon III

Dans la matinée du 19 octobre 2025, le musée du Louvre à Paris a été le théâtre d’un cambriolage d’une audace exceptionnelle. En quelques minutes, seulement, une poignée de malfaiteurs, recourant à une stratégie soigneusement planifiée, ont réussi à pénétrer dans la prestigieuse galerie d’Apollon et à s’emparer d’un ensemble de bijoux parmi les plus précieux de l’Histoire de France. Parmi ces joyaux figurait notamment une pièce d’exception : la broche reliquaire de l’impératrice Eugénie de Montijo. Ce trésor, orné de pierreries historiques datant du règne de Louis XIV, est un condensé tangible de plusieurs siècles d’Histoire française. Son vol constitue ainsi bien plus qu’un simple acte criminel : c’est une atteinte à l’âme de la nation. Car si les voleurs parviennent à désosser ces pièces, à séparer les pierres ou à fondre l’or, un crime irréversible contre notre culture aura été commis.

Des bijoux, symboles de pouvoir

La broche, souvent mentionnée comme « la broche reliquaire de l’impératrice Eugénie », a été dérobée en même temps que plusieurs autres joyaux impériaux, parmi lesquels le diadème de la parure de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, ainsi qu’une paire de boucles d’oreilles de la reine Marie-Louise. Cette broche unique est issue d’un travail de joaillerie exceptionnel réalisé en 1855, à une époque où l’impératrice Eugénie entendait incarner le rayonnement, la modernité et la puissance du Second Empire.

Cependant, au-delà de sa beauté et de sa rareté, ce bijou porte une charge symbolique incomparable. Il s’inscrit dans la longue lignée des joyaux de la Couronne de France, un patrimoine né sous l’Ancien Régime, magnifié sous Louis XIV et restauré sous Napoléon III. Par sa composition raffinée et son histoire dynastique, la broche évoque ainsi ces temps où les reines et impératrices ne portaient pas simplement des parures mais une part du pouvoir et de l’État.

Un ornement riche d’histoire

Pour comprendre toute la valeur de la broche reliquaire d’Eugénie, il faut observer sa composition et son histoire avec attention. Ainsi, les diamants qui forment les ailes de papillon du bijou sont des mazarins, des pierres légendaires léguées par le cardinal Mazarin à sa mort à son filleul Louis XIV, évoquant presque la puissance d’un État solidement bâti et légué au souverain à l’aube de son règne personnel. En son centre brille un diamant historique, qui fut autrefois le quatrième bouton du justaucorps du Roi-Soleil, avant d’être transformé en boucle d’oreille portée par la reine Marie-Antoinette.

L’appellation de ce bijou comme « reliquaire » a été longtemps débattue car aucun espace visible n’a été aménagé pour abriter une relique. Cependant, les experts du Louvre soulignent la présence, au dos de l’écrin, d’une petite logette qui aurait pu accueillir une relique religieuse. Cette singularité témoigne de la profonde foi de l’impératrice Eugénie, connue pour sa ferveur catholique et son attachement à la tradition chrétienne. Le bijou aurait ainsi eu une double fonction : ornementale et spirituelle, incarnant à la fois le faste impérial et la foi personnelle de l’impératrice.

Cette broche raconte plusieurs chapitres de notre Histoire, de la splendeur versaillaise au faste impérial, tout en portant une dimension chrétienne indissociable de l’identité française. Dans le scintillement de ses gemmes, c’est ainsi tout un récit national qui se reflète, pour l’éternité, dans la lumière.

Des trésors véritablement « inestimables »

Lorsque le ministère de la Culture parle « d’objets d’une valeur patrimoniale inestimable », il ne s’agit nullement d’une hyperbole. En effet, ces bijoux possèdent une valeur marchande considérable, ce que les voleurs n’ignorent pas, mais ils incarnent aussi une valeur historique, symbolique et affective qui échappe à toute estimation monétaire. L’historien David Chanteranne a parfaitement résumé cet attachement profond : « C'est une valeur aussi sentimentale par rapport à notre Histoire. Parce que ce sont des souvenirs impérissables de règnes ou de périodes qui ne peuvent être connus que par ces objets. Et parce que ce sont des éléments qui nous parlent encore aujourd'hui en tant qu'historien et en tant que passeur d'histoire. »

Malheureusement, entre les mains des voleurs, ces trésors risquent de disparaître peut-être à jamais. La broche et les autres bijoux volés peuvent être rapidement démontés, leurs pierres revendues une à une, retaillées, l’or fondu et les montures détruites. Un scénario déjà tristement connu, qui rappelle le pillage des joyaux de la Couronne en 1792, lors de la Révolution française. Une fois dispersé, ce qui reste de ces trésors deviendrait alors indétectable : à jamais disparaîtrait ainsi un fragment palpable, unique et émouvant de notre identité nationale.

Eric de Mascureau

Date de dernière mise à jour : 20/10/2025

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