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POLITIQUE - Le pouvoir macronien au pied du mur : la crise de la légalité sans légitimité

Emmanuel Macron au pied du mur | René Poujol

Le président Macron au pied du mur

Il arrive un moment dans la vie d’un régime où la légalité ne suffit plus à masquer la décomposition de la légitimité. Le pouvoir macronien, aujourd’hui, se trouve précisément à cet instant critique, cet entre-deux où un président peut encore se prévaloir des textes, mais où le pays ne marche plus derrière lui. Ce moment est déjà derrière lui depuis longtemps. C’est le paradoxe d’un système qui continue de fonctionner mécaniquement alors que son moteur politique est à l’arrêt.

Le vote du budget, ou plutôt son impossibilité récurrente, en est la démonstration éclatante.
Chaque jour apporte son symptôme : majorité introuvable, Assemblée rétive, opinion exaspérée, recours répétés aux expédients constitutionnels. Rejet à la quasi-unanimité du budget. Le pouvoir macronien ne gouverne plus ; il gère sa survie, comptant les articles, les procédures, les rustines institutionnelles. Il est devenu technicien de son propre maintien, et rien d’autre.

Le gouvernement est coincé dans une impasse arithmétique et politique

Le pouvoir ne dispose pas, loin sen faut, d’une majorité pour voter une loi financière décisive. Il ne peut ni négocier sans se renier, ni imposer sans se fragiliser.
Le seul moyen de faire passer le budget est devenu le 49.3, suicide politique à dose fractionnée, qui transforme chaque vote en séance de roulette russe. À mesure que les motions de censure s’accumulent, l’image d’un pouvoir illusoire s’effondre.

Une motion de censure adoptée — et ce n’est plus un scénario invraisemblable — ouvrirait la voie à une dissolution automatique de l’Assemblée nationale.
Le calendrier serait explosif : campagne éclair, tension maximale, pays épuisé et institutions mises à rude épreuve à quelques mois d’échéances déjà lourdes. Le macronisme, qui se voulait fluidité, adaptation, gestion rationnelle, se retrouve pris dans une nasse qu’il a lui-même tissée : l’absence de corps intermédiaires, de partenaires, de relais, de forces vivantes. Un pouvoir solitaire finit toujours seul.

Mais l’issue la plus saine, la plus démocratique, serait ailleurs

Il est des situations où le courage consiste non pas à s’accrocher, mais à restituer le pouvoir à ceux dont il tire sa source.

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La Ve République, on l’oublie trop souvent, repose sur un principe simple : le président de la République est la clé de voûte. S’il vacille, tout l’édifice chancelle. Si son autorité politique n’existe plus, sa seule autorité juridique devient un trompe-l’œil dangereux.

Aujourd’hui, le macronisme n’exerce plus qu’une légalité résiduelle, fondée sur des dispositions constitutionnelles qui permettent de gouverner sans majorité. Mais cette légalité devient jour après jour un substitut à la légitimité, et ce glissement est fatal pour la démocratie.
Le pays le ressent. Les élus le savent. Les observateurs le constatent. Le pouvoir, lui, fait semblant de l’ignorer.

Dans une démocratie vivante, lorsque le fossé devient trop profond, le président rend son mandat au peuple. Non par faiblesse, mais par exigence morale. Non par fuite, mais par fidélité au principe selon lequel le peuple n’est jamais un obstacle, mais un recours.

La démission présidentielle : un tabou qui devient une nécessité politique

La France a déjà connu des moments de vérité où la seule sortie digne passait par le départ du chef de l’État. Aujourd’hui, la perspective n’a plus rien d’iconoclaste. Elle devient, au contraire, l’option démocratique la plus claire, la plus simple, la plus saine.

Le maintien du président dans ces conditions ne produit plus que blocage, tensions institutionnelles et un sentiment d’asphyxie nationale. Le discours officiel répète que « tout va bien », que « les institutions fonctionnent », que « le gouvernement gouverne ».
Mais la réalité montre une paralysie de fait, une crispation permanente, un système qui ne tient plus que par les articles invisibles de la Constitution et par la peur du vide.

L’honnêteté politique — la vraie — exigerait de reconnaître l’impasse

Il ne reste que deux chemins :

Soit attendre l’effondrement institutionnel : une motion de censure, une dissolution improvisée, une nouvelle Assemblée introuvable, un pays épuisé.

Soit admettre que la légitimité affaiblie du pouvoir présidentiel empêche désormais la France d’avancer — et rendre la parole au peuple.

Dans l’immédiat, il est encore temps d’éviter la rupture brutale, la crise inflammable, la défiance abyssale, le désordre et le chaos final.
Il reste un acte démocratique possible : que le président démissionne. Qu’il rende les clefs et permette au pays de repartir sur des bases saines, débarrassé des expédients constitutionnels, rendu à la souveraineté populaire.

Car il vaut mieux un sursaut qu’un glissement.
Il vaut mieux une décision claire qu’un pourrissement lent.
Il vaut mieux la démocratie que sa caricature légaliste.

Le pouvoir macronien est coincé.
Il peut continuer de s’enliser — ou choisir la seule voie qui redonnerait à la France un horizon : la vérité.

Au fond, le problème n’est pas l’absence de majorité, c’est l’absence de vérité et la prégnance d’un entêtement peu vertueux d’un homme aveuglé par son ambition personnelle et porté par des forces dont il n’a plus la maîtrise.

Peut-être est-il empêché dans cette démarche de bon sens par une autorité occulte qui l’en empêcherait !… Suivez mon regard vers ce qui ressemble étrangement à une structure supra-étatique qui a avalé notre souveraineté, notre liberté et acte jour après jour la disparition de la France.

Jean-Jacques Fifre

Date de dernière mise à jour : 24/11/2025

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