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La France brûle et Macron cherche des allumettes pour éteindre le feu

La France brûle - Action française

La France brûle, et celui qui devrait tenir la parole pour l’apaiser semble chercher des allumettes dans sa poche. Pendant que des villes se bloquent, que des incendies volontaires détruisent des biens publics et privés, et que la colère sociale explose dans les rues, le silence présidentiel n’est pas seulement assourdissant : il est inquiétant.

Chaque crise majeure met en lumière ce constat : la parole du président, pivot de la République, est aujourd’hui réduite à des communiqués techniques, à des tweets détachés, à des gestes calculés sans conviction ni urgence. La fonction présidentielle n’est pas un poste de commentateur : elle est censée incarner le pays, fixer un cap, rassurer et ordonner. Or, que voit-on ? Une fonction en retrait, une parole absente, un chef d’État spectateur des flammes qu’il devrait éteindre.
Les images des dernières manifestations sont parlantes : blocages routiers, trains immobilisés, affrontements avec les forces de l’ordre, incendies volontaires. La mobilisation dite « Bloquons tout » a paralysé plusieurs grandes villes, mobilisé des dizaines de milliers de policiers, et mis à nu la fragilité de l’autorité de l’État. Absence du drapeau tricolore , absence qui en dit long sur le véritable état d’esprit des manifestants. Ils sont le reflet vivant de l’effondrement auquel nous assistons. Mais surtout, elle a montré une vérité politique cruelle : face à l’urgence sociale et sécuritaire, le président reste silencieux. Il observe, il temporise, il attend. Et pendant ce temps, la société française se fracture.

Ce silence a un coût. Les Français ne demandent pas seulement des mesures, ils exigent d’être entendus. La colère sociale, économique et morale est légitime, et elle est amplifiée par l’impression d’abandon. Les syndicats, les associations, les élus locaux le savent : une parole présidentielle forte pourrait canaliser cette colère. Mais en son absence, elle se diffuse dans la rue, dans les réseaux sociaux, et souvent dans des formes extrêmes. Le mutisme ou la parole technique ne sont plus neutres : ils deviennent complices de la désunion.

Certains diront que le président gouverne, qu’il agit dans l’ombre, qu’il délègue aux ministres et aux préfets. C’est exact, mais gouverner, ce n’est pas seulement arbitrer dans les bureaux. C’est parler, expliquer, convaincre, rassurer. Gouverner, c’est occuper le terrain symbolique autant que l’espace administratif. Et sur ce plan, force est de constater l’échec. Le cinéma du « président qui décide dans les coulisses » fonctionne peut-être en temps normal. Face à des fractures sociales ouvertes, il n’est plus qu’un défaut de leadership.

La répression, elle, est immédiate, tangible. Des centaines d’arrestations, des interventions policières musclées, des forces de l’ordre sur-sollicitées. Mais la force seule ne résout rien. Elle déplace le problème, nourrit la rancune et la défiance. Interdire un sit-in, disperser un blocage, immobiliser un train par la force : ce sont des mesures d’urgence, pas des réponses politiques. La démocratie ne se limite pas à l’ordre public : elle consiste aussi à transformer la contestation en dialogue et à redonner un sens commun aux conflits.

Le silence présidentiel a des conséquences graves sur le plan politique. Il alimente l’extrémisme, la désaffection citoyenne, la tentation du recours illégitime à la violence. Quand les Français ne voient aucune incarnation de l’autorité morale, ils cherchent des figures alternatives. Des tribuns populistes, des réseaux qui promettent la réponse rapide et radicale. Le vide de la parole présidentielle devient alors un terrain fertile pour la démagogie et la radicalisation.
Le président doit rappeler ce qu’est la République : un lien social, un cadre de règles, une direction morale. Quand les rues brûlent, il doit parler « vrai » : reconnaître les tensions, détailler les mesures concrètes, assumer ses choix, proposer un horizon clair. Il ne s’agit pas de postures ou de communication superficielle, mais d’une parole capable d’incarner la nation dans la crise. Une parole qui allume des lumières plutôt que d’attendre que le feu se propage.

Trois mesures immédiates s’imposent. Premièrement : parler clairement, dire les problèmes et ce qui sera fait. Deuxièmement : ouvrir un calendrier de rencontres nationales avec syndicats, associations, élus locaux et représentants économiques pour désamorcer les blocages. Troisièmement : accepter l’incertitude, reconnaître qu’on n’a pas toutes les réponses mais s’engager dans un plan précis et contrôlable, évalué publiquement. Ces gestes valent mieux que les communications creuses et les reportages sur les flammes des rues.

Le bilan est clair : la France brûle, et le président cherche des allumettes. Mais ce n’est pas seulement une métaphore. C’est le symbole d’une République vacillante, incapable de parler et de rassembler. La voix de la fonction présidentielle est essentielle. Sans elle, le pays se fragilise, les tensions s’exacerbent et les fractures se creusent. Le silence, dans ce contexte, n’est pas une stratégie : c’est une abdication.

La responsabilité est personnelle et politique. Elle n’incombe pas aux ministres, aux préfets ou aux communicants. Elle repose sur celui qui est censé incarner la nation. Quand la parole manque, le vide est aussitôt occupé par la colère, par la peur, par la défiance. La fonction présidentielle n’est pas une coquille vide : elle est le moteur symbolique et moral qui peut transformer le conflit en dialogue, la colère en écoute, la fracture en cohésion.

Il reste encore du temps pour agir, pour parler, pour incarner. Mais il faut le faire vite et fort. La France ne peut plus attendre des allumettes. Elle a besoin d’un incendie éteint par une parole ferme, claire et assumée. Sinon, le feu se propagera, et les cicatrices seront profondes.

Raphaël Delpard

Date de dernière mise à jour : 22/09/2025

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