
Après les manifestations de la rue, jeudi, l'annonce de la formation du nouveau gouvernement est très attendue. Mais, comme toujours avec Macron, ça traine.
Après le test de la rue, retour à la case « politique » : au lendemain d’une journée de mobilisation sociale, le Premier ministre français Sébastien Lecornu poursuit sa quête d’une stabilité au Parlement et d’un gouvernement susceptible d’incarner une « rupture ». Sans se presser.
Plusieurs centaines de milliers de personnes ont défilé en France jeudi à l’appel des syndicats, afin de peser sur les choix budgétaires du Premier ministre.
Près de deux semaines après sa nomination, le 8 septembre, la composition de son gouvernement se fait toujours attendre et ne devrait pas intervenir avant « fin septembre, début octobre », selon plusieurs sources dans le camp présidentiel.
À quand un gouvernement Lecornu ?
« C'est peu probable » avant qu’Emmanuel Macron ne s’envole lundi pour l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, « plutôt après » son retour jeudi, précise un proche du chef de l’État.
«Ils sont quand même encore loin de faire la liste, ils sont encore sur le «quoi», insiste-t-il, c’est-à-dire sur le contenu de la feuille de route du prochain gouvernement, plus que sur sa composition.
Pour l’heure, les ministres démissionnaires du gouvernement de François Bayrou sont toujours en place en mode « gestion des affaires courantes ».
Et le nouveau locataire de Matignon passe surtout beaucoup de temps à tenter de résoudre l’équation d’une majorité introuvable et d’échapper à la censure dès le prochain écueil, le vote du budget 2026 à l’automne.
«Le focus, c’est sûr comment on arrive à avoir un quart de discussion avec le parti socialiste (PS)», considéré comme seule force d’appoint possible pour une non-censure, relève un cadre du camp présidentiel. « L'idéal, c’est de former après avoir topé avec les socialistes, mais il faudra quand même un gouvernement, même si ce n’est pas encore topé », dit-il.
Quels ministres à quels postes ?
Quelques poids-lourds du gouvernement sortant, Gérard Darmanin (Justice), Bruno Retailleau, le chef des Républicains (LR, droite) à l’Intérieur, ou encore Catherine Vautrin (Travail et Santé) semblent assurés de rester, pas forcément au même poste.
Le sort d’Élisabeth Borne, une ex-Premier ministre, paraît plus incertain à l’Éducation nationale, certains pointant des pistes de sortie comme celle de la Cour des comptes, que son président Pierre Moscovici s’apprête à quitter.
Même interrogation pour la ministre sortante de la Culture, Rachida Dati, à ce poste depuis janvier 2024 avec la bénédiction d’Emmanuel Macron, mais par ailleurs en campagne pour la Mairie de Paris et en attente d’un procès pour corruption et trafic d’influence.
Idem pour le ministre de l’Économie Eric Lombard, dont le nom est trop associé au plan d’économies budgétaires sur lequel François Bayrou a trébuché.
Pour quel pacte avec les socialistes ?
Les socialistes, qui excluent d’entrer dans un gouvernement Lecornu, vont mettre la barre très haut pour un pacte de non-censure. « Il faut que ça leur fasse « très mal », lance un cadre socialiste.
Ils ont mis sur la table un contre-budget, dans lequel ils proposent de diviser par deux l’effort budgétaire de 44 milliards d’euros initialement avancé par François Bayrou. Mais « Lecornu dit qu’en dessous de 37-38 milliards, on est mal », résume un cadre du camp présidentiel.
Autre sujet inflammable, la taxe Zucman – 2% chaque année sur les fortunes de plus de 100 millions d’euros -, devenue un étendard de la gauche, mais qui reste très décriée à droite et chez les macronistes.
S’il s’est dit prêt à travailler sur des « questions de justice fiscale », le Premier ministre a appelé à faire « attention au patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer des emplois et de la croissance en France ».
La gauche, qui voudrait que le recours à l’article 49.3 de la Constitution soit écarté, réclame aussi a minima la suspension de la réforme des retraites de 2023.
La Rédaction service Politique