La mission doit envoyer dans l’espace deux sondes destinées à étudier l’histoire du climat de Mars et à ouvrir la voie à une exploration humaine de la planète rouge.
La fusée New Glenn du fondateur d’Amazon Jeff Bezos s’est envolée pour la deuxième fois jeudi avec à son bord une mission scientifique de la Nasa destinée à étudier Mars, un lancement qui était très attendu en pleine concurrence avec son rival SpaceX d’Elon Musk. Haute de près de 100 mètres, cette puissante fusée qui n’a qu’un vol à son compteur, a décollé depuis Cap Canaveral en Floride peu avant 16h00 locales (22h00 en Suisse), avec à son bord deux sondes spatiales destinées à l’analyse de la planète rouge.
Le lancement de cette mission nommée Escapade avait été reporté à deux reprises ces derniers jours par la société Blue Origin en raison de mauvaises conditions météorologiques. Au-delà de l’intérêt scientifique lié à la mission, ce lancement est fortement attendu en raison de la compétition que se livrent les multimilliardaires Jeff Bezos et Elon Musk.
Elle s’est récemment accentuée autour du programme lunaire Artémis de la Nasa, qui prévoit le retour des Américains sur la Lune dans les années à venir, après que l’agence spatiale a évoqué en octobre la possibilité de se passer de l’entreprise phare du secteur, SpaceX, en raison de retards de développement.
La nouvelle, qui a provoqué l’ire du patron de Tesla, pourrait donner un avantage à son rival Jeff Bezos, qui développe lui-aussi un alunisseur pour la Nasa, aujourd’hui prévu pour une mission ultérieure. Dans ce contexte, les performances de la fusée New Glenn seront particulièrement scrutées jeudi.
«Deuxième course à l’espace»
Ce lancement, qui succède à un premier vol inaugural réussi en janvier, permettra de mesurer «le niveau des progrès accomplis» par Blue Origin, a expliqué à l’AFP George Nield, président d’une entreprise promouvant les activités spatiales privées, en amont du lancement. Si l’entreprise de Jeff Bezos, qui s’efforce de rattraper son retard sur SpaceX, «mène à bien cette mission, cela donnera confiance à la Nasa», a-t-il ajouté.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’administration américaine exerce une pression considérable sur la Nasa pour accélérer son programme lunaire Artémis, qui a souffert de nombreuses complications et retards ces dernières années.
Sean Duffy, administrateur par intérim de la Nasa, est même allé jusqu’à évoquer une «deuxième course à l’espace» opposant Washington et Pékin, qui ambitionne également de fouler le sol lunaire d’ici à 2030, après celle à laquelle se sont livrés les Etats-Unis et l’Union soviétique lors de la Guerre froide.
«Stationnement» spatial
Au cours de ce vol, l’entreprise de Jeff Bezos, doit démontrer la fiabilité de sa fusée, qui devra réussir à correctement lancer les sondes transportées. Une fois dans l’espace, ces dernières, nommées Blue et Gold, iront se positionner dans une orbite «de stationnement sécurisée» afin de, en quelque sorte, rester près de la Terre et d’y attendre le moment idéal pour partir vers Mars, a expliqué jeudi Joseph Westlake, un responsable de la Nasa.
Les sondes ne devraient ainsi atteindre l’orbite de la planète rouge qu’en 2027, date à laquelle elles commenceront à étudier son climat, ouvrant la voie à son exploration par l’Homme.
Blue Origin récupère le propulseur, une prouesse
Blue Origin a réussi jeudi à récupérer le propulseur de sa grande fusée New Glenn en la faisant atterrir de manière contrôlée sur une barge en mer, une avancée technique majeure pour la société.
Quelques minutes après le décollage et après la séparation des deux étages de la fusée, le premier étage ayant propulsé l’ensemble a réussi à se poser dans une manoeuvre très complexe s’apparentant à celles maîtrisées par l’entreprise rivale SpaceX du multimilliardaire Elon Musk. Cette réussite doit permettre à l’entreprise de Jeff Bezos d’accélérer la cadence de ses lancements et d’en réduire les coûts.
Le Livre rouge