
Malgré des assauts meurtriers autour de Pokrovsk (est) et des gains locaux, l’année 2025 n’a pas vu de percée décisive en Ukraine. À l’échelle du front, les lignes ont à peine bougé et le conflit reste avant tout un duel d'attrition, dominé par l'artillerie et de plus en plus par les drones.
Sur le terrain, la bataille de Pokrovsk illustre cette dynamique. Malgré des avancées russes et la chute annoncée de la ville, une victoire serait surtout symbolique et ne permettrait pas la prise rapide des grandes villes suivantes, le verrou ukrainien restant en place, rappelle pour Reuters Michael Kofman, analyste de défense de la Fondation Carnegie pour la paix internationale.
Pour l’ex-secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen, le risque est clair: "Si nous ne changeons pas profondément de stratégie, nous nous dirigeons vers une guerre sans fin", explique-t-il auprès du Guardian. Un propos qui résume l’inertie stratégique de 2025. Une lente érosion, sans bascule à venir.
Au cours de l'année 2025, la Russie n'aurait ainsi réussi à s'emparer que d'environ 1% du territoire ukrainien, au prix de pertes matérielles et humaines conséquentes (voir encadré).
À Moscou, le Kremlin parle d’"avancées méthodiques" et revendique contrôler environ 19 % du territoire ukrainien, y compris la Crimée et les zones occupées depuis 2014. Mais cette proportion n’a pratiquement pas évolué depuis deux ans, preuve que l’offensive russe se heurte à une défense désormais enracinée.
Des drones paralysants
Les synthèses d’analystes confirment un front globalement figé. The Economist évoque des armées désormais "embourbées", la prolifération des drones neutralisant l’avantage numérique et rendant les percées rares et coûteuses.
Les bilans quotidiens de l’Institute for the Study of War (ISW) décrivent également des progressions lentes et contestées. Autour de Pokrovsk par exemple, les combats ont lieu depuis des mois pour quelques pâtés de maisons gagnés et aussitôt disputés, sans effet stratégique à l’échelle macro.
Des voix proches du front mettent également en garde contre des paris tactiques ruineux. "L’Ukraine pourrait répéter une erreur coûteuse à Pokrovsk", décrit par exemple dans le Guardian Emil Kastehelmi, chercheur au centre d'analyse finlandais Black Bird Group, pointant l’usure d’unités entières pour des gains infimes.
Au final, l'année 2025 aura une fois encore consacré une réalité militaire qui dure depuis plusieurs années en Ukraine. L’usure l’emporte sur la manœuvre. Les lignes bougent à la marge, mais la carte, elle, reste presque immobile.
Tristan Hertig