Créer un site internet

Quand la dictature des juges confisque le pouvoir au peuple souverain

Gouvernés par les juges » ? Histoire et déconstruction d'un mythe

Ils jugent en notre nom, mais nous ne les avons jamais choisis. Ils rendent des décisions qui redessinent les lois, contredisent les parlements, renversent les politiques élues, sans jamais avoir eu à rendre compte devant le peuple.

Le juge, aujourd’hui, n’est plus un arbitre : il est devenu un pouvoir. Et pire encore, un pouvoir sans contre-pouvoir.

Pendant que le citoyen vote, le juge tranche. Pendant que le Parlement débat, le juge invalide. Et pendant que l’exécutif agit, le juge poursuit. Ce glissement, silencieux, mais constant, nous conduit à une situation paradoxale : nous vivons dans une démocratie dont les décisions sont de plus en plus dictées par un corps non élu, inamovible, irresponsable — mais tout-puissant.

Ce que l’on appelle « contre-pouvoir » est devenu un pouvoir total. Le juge n’est plus là pour empêcher les abus, il est devenu un obstacle à l’expression de la volonté populaire. Pire : lorsque le peuple choisit un gouvernement qui entend faire respecter des promesses (par exemple sur l’immigration), il arrive que les responsables soient ensuite traduits en justice pour avoir appliqué le programme pour lequel ils ont été élus. Est-ce encore une démocratie, ou bien une démocratie sous tutelle ?

Le cas de Matteo Salvini en Italie est emblématique : poursuivi pour avoir refusé le débarquement de migrants clandestins, alors même que cette politique faisait partie intégrante de son mandat. Le juge a ici ouvertement défié le choix populaire. Ce précédent n’est pas isolé : dans plusieurs pays, les cours suprêmes peuvent annuler des lois sur la base de critères flous comme la « raisonnabilité » (comme en Israël). Qui définit ce qui est raisonnable ? Ce n’est plus le peuple, mais un cénacle judiciaire.

En France, le Conseil constitutionnel, le Conseil d’État, la Cour de cassation, la CEDH et la CJUE forment un archipel de juridictions suprêmes qui peuvent, à tout moment, casser, suspendre, ou bloquer des lois votées. Les juges jugent « en leur âme et conscience » — formule poétique, mais juridiquement opaque. Cette subjectivité fait entrer la morale personnelle dans le champ du droit. Et dès lors que l’on juge une personne ou une politique sans preuves formelles, mais sur base d’intention, de discours ou de climat, on rompt avec l’habeas corpus.

Le pouvoir législatif, seul réellement représentatif du peuple, est ainsi désarmé. L’exécutif, censé n’être que son bras, peut être censuré à tout moment. Mais le juge, lui, ne répond de rien. Il ne peut être démis, sanctionné, remplacé. Il est le seul à ne pas être contrôlé. Il peut ruiner une vie, briser une carrière, bloquer une loi — et ne jamais avoir à en répondre.

Il est temps de poser une question fondamentale : peut-on encore parler de démocratie quand la volonté populaire n’a plus le dernier mot ? Quand ceux qui votent n’ont plus le droit de décider ? Quand ceux qui tranchent ne sont jamais exposés au suffrage ? Une démocratie où l’on peut voter, mais pas gouverner, n’est plus qu’un théâtre : la pièce est écrite ailleurs, et le rideau tombe toujours sur le même verdict.

La séparation des pouvoirs n’a de sens que si chaque pouvoir connaît ses limites. Le judiciaire doit dire le droit, pas le fabriquer. Il doit protéger les libertés, pas interdire les choix politiques. Il doit garantir la justice, pas imposer une vision du monde. Sans cela, la démocratie devient une illusion, et le peuple un figurant dans un décor institutionnel vidé de sa substance.

Ce texte n’est pas un appel à l’anarchie ni à l’irrespect des lois. C’est un cri d’alerte pour rappeler que le juge n’est pas au-dessus du peuple, mais en dessous de sa souveraineté.

Que l’État de droit ne peut survivre à la dictature judiciaire.

Et que si nous voulons préserver la démocratie, il faut rendre aux citoyens le pouvoir de décider — vraiment.

 Patrick Granville

Date de dernière mise à jour : 27/04/2025

2 votes. Moyenne 4 sur 5.