
Mort pour rien
Toute une série de télévisions, titres de presse, syndicats et autres écoles de journalisme ont signé la « Charte de Marseille sur l’information et les migrations » ¹.
Où ils décrètent clairement qu’il est hors de question de parler d’immigration sans « employer les mots les plus appropriés » parmi lesquels figurent explicitement « migrant, immigré, réfugié, étranger ou demandeur d’asile« … mais pas clandestin ni OQTF.
Malgré cette Charte nous sommes heureusement très largement informés sur les ratonnades en Espagne. Des migrants pourchassés y sont victimes de lynchages par des Espagnols enragés, suite à l’agression d’une personne âgée. La victime a été violemment frappée au visage par des Maghrébins. Pour rien ? Si : faire une vidéo.
C’est pas chez nous que l’on verrait ça.
Dans la nuit du 10 juillet le caporal-chef Kévin Amodru a été mortellement poignardé par un individu défavorablement connu de la police, burkinabé d’origine, connu des services de police pour des faits de vol avec dégradation, extorsion, refus d’obtempérer et usage de stupéfiants, et condamné pour violences. Six jours après nous ne connaissons toujours pas le patronyme du récidiviste arrêté.
Pour la mort de Nahel nous avons connu le nom du policier huit jours après les faits. Attendons encore deux jours et le parquet nous révélera le nom du récidiviste.
Selon un rapport de la commission des lois du Sénat les cinq jours d’émeutes qui ont suivi la mort de Nahel ont coûté un milliard d’euros.
Assassinat de Kevin, pas d’émeutes, nous devons ça à l’exceptionnelle éducation socialiste qui a si bien socialisé au vivre-ensemble. Il faut saluer la supériorité de notre race finissante qui a appris à maîtriser ses humeurs révolutionnaires. Il faut saluer le courage des camarades de combat de Kevin devant l’ennemi, restés enfermés l’arme au pied dans leur caserne. Habitués à mourir pour rien en Afrique, ils ont accepté que l’on puisse mourir pour rien sur le territoire national.
Ces soldats qui ont accepté de combattre et mourir pour la Grandeur de la France ont fait preuve d’un grand sang-froid et esprit de sacrifice en ne vengeant pas Kevin dans des émeutes.
Comme les Espagnols, ils auraient pu avoir recours à la violence. Ils ne l’ont pas fait. Tout à leur honneur ?
Quand un soldat meurt au front pour le drapeau, la grande muette lui rend les honneurs. Kevin, mort pour rien et déjà oublié, est sacrifié pour que règne l’ordre républicain.
Pour Kevin il n’y a pas eu de combats de rues, pas de lynchages. L’ennemi peut dormir tranquille.
Un Français tombe tous les jours. Kevin n’est qu’un de plus. D’autres Kevin tomberont encore. Combien d’autres sans émeutes ?
Tous les Kevin de France ont-ils accepté de mourir pour rien ?
Kevin est bien mort pour rien, il n’a pas eu les honneurs et la minute de silence de l’Assemblée nationale.
Kevin est bien mort pour rien, sans un mot de Macron.
Daniel Faguet