«Notre Révolution»: un mythe français au prisme de l’Histoire

Petite histoire du mètre révolutionnaire – Paris ZigZag | Insolite & SecretMètre étalon

Dans le volume dédié à la Révolution de L’Histoire dessinée de la France, paru à la Découverte, Guillaume Mazeau revisite la décennie 1789-1799 en la replaçant dans une histoire-monde. Et il fait ce constat : « Celles et ceux qui la vivent ont tous le sentiment d’avoir vécu un siècle en dix ans. »

« Les femmes et les hommes du XVIIIe siècle ne voyaient pas le monde comme nous », écrit Guillaume Mazeau dans l’un des textes qui suit la bande dessinée, dédié aux « énergies révolutionnaires ». Le philosophe allemand, Walter Benjamin, toujours par rapport à la Révolution française, disait quant à lui : « L'histoire a pour lieu un temps saturé d'à présent, qui cite le passé comme la mode cite un costume d'autrefois. »

De fait, pendant près de deux siècles, qu’on en loue les apports ou qu’on en condamne les crimes, la Révolution française a été pour les historiens un enjeu idéologique fort. « Serions-nous devenus étrangers à notre propre Révolution ? », s’interroge Guillaume Mazeau qui voit dans notre époque où les partis politiques ont délaissé l’horizon révolutionnaire la possibilité de regarder la dernière décennie du XVIIIe siècle avec un œil plus apaisé.

Cet œil est celui d’une histoire-monde. Jusqu’où en effet peut-on parler de « Révolution française » ? « 1789 n’est pas une île », affirme l’historien, qui rappelle combien « les lumières brillent par leur intranquillité ». Au XVIIe siècle déjà, l’Angleterre a connu deux révolutions. En 1755, les Corses se sont dotés d’une constitution. En 1787, soit deux ans avant la prise de la Bastille, les États-Unis d’Amérique, dont l’indépendance a été confirmée à Versailles quatre ans plus tôt, en adoptent une à leur tour, la plus ancienne encore en vigueur aujourd’hui.

Olivier Favier

Date de dernière mise à jour : 11/09/2025

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