CULTURE - Après avoir été cambriolé, le Louvre risque de s’effondrer

Le musée du Louvre est en mauvais état, ses œuvres sont menacées

Après le vol retentissant des bijoux de la couronne, le musée du Louvre affronte une nouvelle crise qui ébranle une fois de plus sa réputation : la galerie Campana, l’une de ses plus belles enfilades consacrées aux vases grecs, a été fermée hier, le 17 novembre 2025, en raison d’un risque d’effondrement potentiel des planchers supérieurs. Cette décision révèle un état inquiétant, tant sur le plan de la sécurité que de l’intégrité structurelle du palais, et soulève de graves interrogations quant à l’avenir du premier musée de France. À demi-mot, elle laisse entendre que l’idée d’un Louvre plus stable, plus maîtrisé, plus pérenne appartiendrait peut-être déjà au passé.

Une alerte structurelle

Le 17 novembre 2025, la direction du Louvre a annoncé la fermeture immédiate de la galerie Campana. Quelques jours plus tôt, un bureau d’études techniques avait remis un rapport, daté du 14 novembre, faisant état d’une « particulière fragilité » de plusieurs poutres porteuses du deuxième étage de l’aile Sully. C’est à cet étage que travaillaient 65 agents du musée, contraints d’évacuer leurs bureaux, les lieux les jours suivants.

Juste en dessous, la galerie Campana, déployant neuf salles consacrées aux chefs-d’œuvre de la céramique grecque, a été fermée « par mesure de précaution ». Cependant, derrière cette formule administrative se cache une inquiétude profonde : une partie du Louvre, qui a traversé les siècles, montre désormais des signes d’usure qu’aucun responsable n’a su prévenir alors qu’une rénovation muséographique de la galerie avait pourtant eu lieu entre 2022 et 2023.

Une galerie emblématique menacée

La galerie Campana tient son nom du marquis Giampietro Campana (1809-1880), un collectionneur passionné dont l’amour pour les antiquités grecques et étrusques l’avait poussé à constituer l’une des plus remarquables collections d’Europe. Cependant, arrêté en 1857 pour des malversations financières, il dut se résoudre à voir sa collection dispersée. Une partie fut acquise par Napoléon III en 1861, sur ses fonds personnels, et exposée au Louvre dans l’aile Sully.

Longeant le bord de l’eau, la galerie s’étend ainsi en une enfilade harmonieuse de neuf salles où défile un millénaire d’histoire de la céramique grecque. Les plafonds, peints entre 1828 et 1833 sous la direction d’Hector Lefuel, représentent Charlemagne, François Ier, Louis XIV ou encore Bonaparte, en souverains mécènes et gardiens des arts. Leur présence domine ces salles comme un rappel aux visiteurs de la grandeur d’une France qui plaçait jadis la protection et valorisation du patrimoine au cœur de son rayonnement.

Un musée qui craque sous le vernis

Ainsi, la fermeture de la galerie Campana n’est pas un simple aléa technique : c’est encore un symptôme de plus d’un Louvre fragile et malade. Alors que l’institution affiche sa volonté de se réinventer, de se moderniser et de s’étendre, notamment avec le projet Louvre-Renaissance à 500 millions d’euros, la multiplication des incidents met en lumière une réalité moins flatteuse : le palais accuse un vieillissement auquel les travaux successifs ne semblent accorder aucune véritable priorité.

La série d’événements récents, vol des bijoux de la couronne, fermetures soudaines de salles, mesures d’urgence répétées, donne le sentiment d’un musée qui lutte pour préserver son prestige tout en sentant son image vaciller, prête à s’affaisser comme un château de cartes.

Eric de Mascureau

Date de dernière mise à jour : 18/11/2025

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