Grèves SNCF : En forte colère, des usagers lancent la « grève des billets »

Ras-le-bol général. Après la grève des contrôleurs autour du week-end de Noël, des usagers, lassés par les mouvements de grève à répétition de la SNCF, décident de se rebeller. Ils encouragent les voyageurs à ne plus présenter leur billet lors des contrôles en gare ou à bord des trains.

GARE SNCF

En janvier, pas de billet

« Notre objectif est de montrer le ras-le-bol des clients […] en utilisant un mode d’action que la SNCF connaît bien et qui semble bien fonctionner : la grève. » L’association de voyageurs TGV Paris-Tours entend bien riposter aux quatre jours de grève lancés par les contrôleurs de la SNCF autour du week-end de Noël. Entre le vendredi 23 et le lundi 26 décembre, plus de 200.000 voyageurs ont ainsi été impactés par la suppression des trains. Certains ont même été contraints de fêter Noël loin de leurs familles. Pour se faire pardonner, la SNCF propose un remboursement de 100 à 200 % du montant du billet de train annulé. Mais aucun geste commercial n’a (pour le moment) été envisagé pour les usagers réguliers ayant souscrit un abonnement annuel de près de 600 euros par an. C’est donc pour ces voyageurs quotidiens, premiers concernés par les nombreux dysfonctionnements de la SNCF, que se mobilise l’association TGV -Tours, collectif qui représente les 4.000 usagers réguliers de la ligne Paris-Tours. Elle demande notamment une indemnisation de 150 euros pour les abonnés ainsi que l’interdiction des grèves pendant les fêtes et vacances scolaires.

Pour se faire entendre, ils lancent le mouvement « En janvier, pas de billet ».

Loin d’appeler à la fraude, l’association incite les usagers à ne plus présenter leur titre de transport au moment des contrôles. Comme il y a dix ans -  un mouvement similaire avait été mené avec succès -, elle propose aux voyageurs de se retrouver dans le wagon-bar et de faire front commun face aux contrôleurs. Avec cette « opération légale et symbolique », David Charretier, président de l’association, espère « mettre la pression à la SNCF » et obtenir une indemnisation conséquente des usagers, explique-t-il au micro de Sud Radio. TGV Paris-Tours, qui a déjà reçu le soutien des parlementaires d’Indre-et-Loire et d’usagers, souhaite une mobilisation des voyageurs au niveau national.

Les usagers réclament un encadrement des grèves

Pour bon nombre des usagers, ces revendications semblent plus que légitimes. Comme l’explique l’entreprise elle-même sur son site Internet : « En tant qu'entreprise publique, la SNCF a pour mission de déployer une mobilité fluide et de porte à porte, partout et pour tous. » Or, en vingt ans, quatorze grèves ont déjà été menées au mois de décembre. Et sur la seule année, l’iFRAP comptabilise vingt grèves, au niveau national et au niveau local. Un chantage d’autant plus insupportable qu’en 2021, la SNCF aura coûté 18,5 milliards d’euros aux contribuables, soit près de 276 euros par Français, selon l’économiste François Lenglet.

Pour lutter contre les nombreux dysfonctionnements de la SNCF, l’association TGV Paris-Tours réclame donc un « droit de grève à l’italienne ». Depuis une loi de 1990, les sociétés de transport transalpines ont interdiction – sous peine de sanction financière - de mener des mouvements de grève autour des fêtes (Noël, Pâques, la Toussaint…), pendant les vacances scolaires (dont les vacances d’été), aux heures de pointe et au moment des élections. Un encadrement qui permet de concilier droits des employés et droits des usagers. Alors que les récents mouvements de grève de la SNCF sont de plus en plus impopulaires dans l’Hexagone, l’exécutif devrait peut-être s’inspirer de l’exemple italien pour (enfin) encadrer le fonctionnement de la SNCF.

Clémence de Longraye

Date de dernière mise à jour : 30/12/2022

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