Les Nations Unies proposent pour la première fois de réguler les plateformes ...

L’Unesco a présenté ce lundi ses recommandations pour lutter contre la désinformation et réguler les plateformes.

Modération des contenus, mise en place d’un réseau de régulateurs… L’organisme des Nations Unies a formulé plusieurs pistes.

L’organisme, qui réunit 194 Etats, se défend d’avoir formulé des vœux pieux.

12 modérateurs en arabe, deux en hébreu, 20 en espagnol, 52 en français, contre 2.294 en anglais… Ce sont les chiffres de modération dévoilés dimanche par X (anciennement Twitter). C’est parce que ce déséquilibre entre les langues et les utilisateurs peut s’avérer problématique que l’Unesco recommande dorénavant que la modération des contenus des plateformes se fasse « dans toutes les langues ».

La directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, a présenté ce lundi les recommandations de l'Unesco pour lutter contre la désinformation et réguler les plateformes.

Cette recommandation est une des sept dévoilées ce lundi par cet organe des Nations Unies afin de lutter contre la désinformation et réguler les réseaux sociaux, quelques mois avant la tenue en 2024 d’élections locales ou parlementaires dans seize pays. L’Unesco appelle les plateformes à « la responsabilité et à la transparence dans les algorithmes », ainsi qu’à prendre « plus d’initiatives pour éduquer et former les utilisateurs à déployer une pensée critique ».

Des régulateurs « indépendants et publics » partout dans le monde

Ces demandes avaient déjà été formulées par d’autres instances, comme la Commission européenne. L’Unesco se distingue en appelant à la mise en place de régulateurs « indépendants et publics » partout dans le monde, « au rôle clairement défini et dotés des moyens suffisants à l’exercice de leur mission ». L’Unesco demande que ces régulateurs « travaillent en réseau », afin d’éviter « que les entreprises digitales ne puissent profiter de disparités réglementaires entre les pays ».

L’Unesco souhaite également que « l’impact sur les droits humains soit la boussole pour la prise de décision », alors que Facebook, notamment, avait été pointé du doigt par Amnesty International. En 2022, selon l’ONG, l’algorithme de la plateforme a favorisé du contenu violent contre les Rohingya.

Enfin, l’Unesco demande que les « régulateurs et les plateformes prennent des mesures renforcées dans les situations les plus sensibles, notamment en période électorale et de crise ».

« Pas des régulateurs, mais une autorité morale »

Des vœux pieux ? L’Unesco s’en défend. « A l’échelle mondiale, il n’existe pas de solutions cohérentes actuellement », a argumenté Audrey Azoulay, la directrice générale de l’organisation, lors de la présentation des recommandations.

L’organisme des Nations Unies, qui réunit 194 Etats, n’a pas de pouvoir de régulation des plateformes, mais entend agir à d’autres niveaux, en « accompagnant » ses Etats membres « pour qu’ils transposent ce plan d’action dans leur droit et leur réglementation ».

« Nous ne sommes pas des régulateurs, mais une autorité morale », résume Tawfik Jelassi, sous directeur général pour la communication et l’information. « Nous avons passé en revue une cinquantaine de textes dédiés à la lutte contre les fake news [dont certains sont utilisés pour restreindre la liberté de la presse et la liberté de parole des opposants], ajoute Guilherme Canela De Souza Godoi, chargé du suivi de la liberté d’expression et de la sécurité des journalistes. Que se serait-il passé si ces textes avaient suivi les recommandations [formulées ce lundi par l’Unesco] ? »

Ces recommandations sont publiées alors que deux milliards de personnes sont appelées à voter l’année prochaine dans le monde. Selon un sondage réalisé par l’Ipsos pour l’Unesco dans 16 pays, 87 % des sondés s’inquiètent de l’impact de la désinformation sur les élections à venir dans leur pays.

Mathilde Cousin

 

Date de dernière mise à jour : 06/11/2023

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