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Le drame de l'idéologie WOKE

WOKE, voilà un mot qui revient  tous les jours dans le débat public.

Vous l’avez vu passer dans des articles, et même sur des couvertures de journaux grand public : Mais que veut dire le mot « woke », utilisé aujourd’hui en France essentiellement pour critiquer les personnes engagées contre les discriminations ? 

Il faut rappeler qu'en anglais woke veut dire « éveillé », c’est un mot qui est né dans les communautés afro-américaines dans les années 1950. Il a un sens positif, c’est un synonyme de personne bien informée, consciente des enjeux politiques, comme le montre cet article du New York Times, daté de 1962.

En 2016, « Woke » est nommé « mot de l’année » par MTV

Après avoir été oublié un temps, le mot revient aux Etats-Unis dans les années 2010, dans la foulée de l’assassinat de Michael Brown et du mouvement #BlackLivesMatters. Un hashtag se popularise : #staywoke et un site Internet est monté : StayWoke.org.

En 2016, le mot devient si populaire que le très sérieux dictionnaire américain Merriam Webster en fait un article, et que la chaîne MTV le met dans ses mots de l’année. Mais déjà, des critiques apparaissent, qui se moquent de cette facilité à « afficher une prétendue vertu », souvent vide d’action. Comme ce sketch de l’émission Saturday Night Lives, qui imagine un jeans Levis Woke :

Woke se diffuse à l’étranger avec une connotation péjorative

En octobre 2019, Barack Obama va fortement critiquer ce qu’il estime être une attitude intransigeante de certains militants et militantes. « L’idée de la pureté, et de l’absence de compromis, et qu’on est éveillé politiquement, et tout ça. Vous devriez arrêter ça très vite. Le monde est compliqué et plein d’ambiguïtés », dit-il.

A partir de ce moment-là, le mot « woke » se diffuse à l’étranger, sous sa version négative. En France, il est labellisé en 2019 « buzzword » par l’agence BETC, qui le qualifie de « posture paresseuse de valorisation personnelle ». Au Québec, le polémiste conservateur Mathieu Bock-Côté le qualifie de « peste idéologique de 2020 ». Et même aux Etats-Unis, le mot a largement pris une connotation péjorative. La définition qui l’emporte sur le dictionnaire de mots d’argots Urban dictionary, qui met en avant les définitions les plus votées par les lecteurs et lectrices, le résume comme le fait d’être « prétentieux et de faire étalage de sa conscience des questions sociétales ».

En France, le mot « woke » ne recouvre pas de mouvement politique réel

Aujourd’hui, le mot « woke » est utilisé en France uniquement comme critique, comme une caricature qui vise à décrédibiliser les personnes engagées contre les discriminations, estime la journaliste Judith Lussier, qui a analysé ces critiques dans son livre On ne peut plus rien dire. Le mot « woke » n’est à notre connaissance revendiqué par aucun activiste anti-discriminations en France, et ne recouvre donc pas de mouvement politique réel. Il est davantage un outil politique et médiatique contre certains activistes de gauche qu’une catégorie d’analyse. « Aucun chercheur français spécialiste des discriminations ne l’utilise », ajoute la chercheuse Sophie Pochic.

Reste qu’il ne faut pas exagérer l’importance de ce terme, finalement employé par une toute petite sphère de militants et d’intellectuelles. En mars, un sondage de L’Express révélait que seules 6 % des personnes sondées connaissent ce que l’hebdomadaire appelait la « pensée woke ». Même au Royaume Uni, où l’on parle pourtant anglais, seulement la moitié des gens ont entendu parler de l’expression « être woke ».

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L'article de Bernard Hawadier - Sources Bd Voltaire 12 décembre 2021

L’idéologie  est-elle la dernière mutation de la doctrine de Karl Marx ? Un article tout frais du Figaro le conteste.

KARL MARX

Il est rédigé par un spécialiste du marxisme, Denis Collin, philosophe et auteur de Introduction à la pensée de Marx (Seuil) et de Après la gauche (Perspectives libres). Il semble donc faire autorité et conduire à écarter cette hypothèse présentée comme simpliste et contraire à l’histoire du mouvement initié par Marx et Engels. Et pourtant…

L’auteur affirme que « les divers mouvements woke n’ont aucun rapport avec le marxisme et la lutte des ouvriers » mais il pose comme postulat que le marxisme se réduirait à la lutte contre le capitalisme, en faveur du prolétariat. Voilà qui semble bien réducteur. Trop réducteur…

La substance du marxisme est dans l’entretien de la contradiction au cœur des choses, des événements et des hommes. Le marxisme est classiquement la transposition matérialiste de l’idéalisme absolu de Hegel. Marx est un philosophe de la contradiction. Lénine a affirmé très fidèlement que « au sens propre la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses ». C’est une métaphysique du mouvement. Le marxiste guette et entretient tous les modes de contradiction dans la vie sociale et  comme bien sûr dans la vie économique. Il veut désaliéner, déraciner. Certes, s’est-il d’abord et principalement attaché à l’analyse du monde ouvrier. Il a vu dans le prolétariat ouvrier la classe révolutionnaire par excellence. Mais on ne peut pas réduire ce mouvement à la lutte du prolétariat. Cette idéologie mortifère s’applique bien au-delà, dans tous les domaines de la vie sociale.

Un rappel à cet égard : c’est en commettant la même erreur qu’un certain nombre de prêtres ouvriers se sont engagés derrière l’étendard brandi par les révolutionnaires marxistes et ont fait tout le mal que l’on sait à l’Église et à son enseignement social. Comment, dès lors, ne pas voir que la philosophie de la  dans laquelle ce mouvement plonge ses racines, qui a malheureusement été initié par des philosophes français derrière notamment Jacques Derrida, n’était pas un nouvel avatar du marxisme ? Et quelle meilleure illustration que les dérives du mouvement . Car enfin, lorsque l’on proclame qu’il faut s’attaquer au mâle blanc et hétérosexuel, n’est-ce pas au nom des Noirs, des femmes, des homosexuels ? N’a-t-on pas ainsi recherché une contradiction entre les Noirs et les Blancs, entre les hommes et les femmes, entre les homos et les hétéros ? Le moteur de ce mouvement est profondément marxiste.

C’est en cela qu’il est dangereux. C’est comme cela qu’il peut être dénoncé et seulement ainsi. Car nous savons que, pour déstabiliser des mouvements de cette importance, il faut aller à leurs racines, savoir les identifier, les nommer pour les attaquer, les déstabiliser et les condamner. N’oublions pas le vieux proverbe italien qui nous rappelle que « le loup change de poils mais pas de vice » !

Sources : Le blog de Bernard Hawadier avocat

Date de dernière mise à jour : 12/12/2021

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