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Rosalie : une page de propagande woke

Voilà un film qui tombe « pile-poil » au moment où nos députés planchent, le plus sérieusement du monde, sur l'ardu problème des discriminations capillaires : programmé pour sortir en salles le 10 avril, Rosalie met en en scène les amours d'une femme qui cache un lourd secret dans la France des années 1870. Comme le montre l'affiche, son visage et son corps sont recouverts de poils. Mais, nous promet le synopsis, « Rosalie veut être regardée comme une femme, malgré sa différence qu’elle ne veut plus cacher. En laissant pousser sa barbe, elle va enfin se libérer. Elle veut qu’Abel l’aime comme elle est, alors que les autres vont vouloir la réduire à un monstre. » De quoi relancer aisément la plus woke des propagandes et nourrir l'idéologie trans.

Rosalie" en sélection officielle au Festival de Cannes · Bretagne Cinéma

Les femmes à barbe n'ont pas attendu les LGBT

Tantôt bêtes de foire, tantôt objets de curiosité ou d'hilarité, les femmes à barbes - cas rarissimes d'individus de sexe féminin souffrant d'un déséquilibre hormonal provoquant ce que l'on appelle l'hirsutisme -  n'ont pas attendu l'idéologie LGBT pour inspirer littérature, peinture et cinéma.  On peut, ainsi, admirer au musée de l'hôpital de Tavara, à Tolède, le célèbre tableau peint par José de Ribera (1631) représentant cette curieuse femme à barbe allaitant son enfant. Au cinéma, Le mari de la femme à barbe, avec Annie Girardot (1964), relate les mésaventures d'une femme hirsute exhibée par son indélicat mari. Le thème nourrit même, dans l'histoire de l'Église, la légende de sainte Wilgeforte, vierge martyre portugaise qui, nous dit-on, obtint du Ciel la pousse « d'une barbe proéminente et d’une moustache touffue. Cette pilosité provoqua immédiatement le dégoût de son fiancé et l’annulation du mariage. Son père la fit crucifier. »

Stéphanie Di Giusto, la réalisatrice de Rosalie qui s'est inspirée de la véritable histoire de Clémentine Delait, a souhaité, à travers son héroïne, exprimer « un féminisme nuancé, universaliste, qui permet aux femmes d'être ce qu'elles ont envie d'être [...] [pour] assumer sa féminité particulière, affronter le regard des autres contre les diktats de l'époque ».

Le message queer de Rosalie

Une conception qui déçoit, du côté des idéologues queer. KOMITID, le site d'information LGBT qui (le saviez-vous ?) décerne, en marge du Festival de Cannes, « le prix alternatif du meilleur film LGBT », déplore que la réalisatrice n'ait pas « fait grand-chose de ce sujet d'apparence passionnant [...] Pendant près de deux heures, il [le film, NDLR] étaye les mêmes poncifs sagement féministes qui, bien contents de faire doucement effet, ne vont jamais plus loin. »

Mais la carrière queer de Rosalie, film privé de Palme d'or LGBT 2023, n'est pas pour autant enterrée. Sur le plateau de Quotidien, la journaliste Ambre Chalumeau, qui recevait, ce 2 avril, les deux acteurs principaux, Benoît Magimel et Nadia Tereszkiewicz, déroule la pelote queer jusqu'au bout : « Je n’avais jamais vu un visage barbu filmé de manière si belle, si tendre, si normalisante, et ça habitue notre regard de voir un visage comme ça pendant 1 heure 30. » Elle salue le travail de la réalisatrice pour ce film qui « va plus loin [...] car, aujourd'hui, on parle beaucoup de ça, du droit à la différence, on parle de décloisonner, de débinariser les genres, les orientations sexuelles, et c’est pour ça qu’aujourd’hui, la figure de la femme à barbe est réinventée, relue (…) comme avec cet autre film, The Greatest Showman [sorti en 2017 au cinéma], avec une relecture sur l’affirmation de soi. »

Ou comment alimenter l'idéologie transactiviste pour précipiter tout une société tyrannisée par les petites minorités dans une société uniformément woke. Des minorités forcément « victimes de lynchages sur les réseaux sociaux », comme cette influenceuse donneuse de leçons, Harnaam Kaur, « barbue et décomplexée », que l'on découvre sur le plateau de Quotidien.

Pour contrebalancer cette inondation médiatique, un seul rapport, celui commandé par la sénatrice Jacqueline Eustache-Brinio et publié ce 19 mars, nomme les choses, alerte et désigne les autres vraies victimes, jamais évoquées par Quotidien : ces mineurs sous influence qui se précipitent dans des thérapies de changements de sexe au risque de leur santé. Croisons les doigts pour qu'il soit suivi d'effets... Mais en attendant, osons la question : a-t-on encore le droit de trouver qu'un visage féminin affublé d'une barbe est disgracieux ?

Sabine de Villeroché

 

Date de dernière mise à jour : 08/04/2024

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