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Cameron Diaz, Naomi Campbell… la grossesse à 50 ans

Cameron Diaz, Naomi Campbell… La réalité cruelle derrière le mythe de la grossesse à 50 ans.

Ces images de stars enceintes à 50 ans nourrissent des fausses croyances sur la fertilité et les résultats de la médecine

L'essentiel

Cameron Diaz, Naomi Campbell, Hilary Swank… Ces dernières années, de nombreuses stars ont accueilli un enfant à 50 ans passés.

En réalité, les chances de concevoir naturellement un bébé à cet âge sont proches de zéro, et la médecine ne peut pas faire de miracle.

Retour en chiffres sur la réalité de la fertilité et de la procréation médicalement assistée (PMA) à 50 ans.

Hilary Swank se confie sur sa grossesse et ses envies de femme enceinte

Nous sommes heureux d’annoncer la naissance de notre fils Cardinal Madden », a écrit Cameron Diaz sur son compte Instagram la semaine dernière. A 51 ans, la star hollywoodienne a accueilli son deuxième enfant, sans préciser si, comme pour son aînée Raddix, née en 2019 grâce à une mère porteuse (GPA), elle a fait appel à la médecine. « Il n’est jamais trop tard pour devenir mère », avait écrit en juin 2023, Naomi Campbell, alors âgée de 53 ans, pour annoncer la naissance de son deuxième enfant. De même, Hillary Swank, qui attendait des jumeaux à 48 ans, a inondé son compte Instagram de photos de son beau ventre arrondi tout le long de sa grossesse en 2023.

A Hollywood, les stars sont de plus en plus nombreuses à choisir de devenir mères plus tard. « Les représentations véhiculées par les grossesses de ces femmes induisent une méconnaissance de la situation de la fertilité et une méconnaissance de la technique d’assistance médicale à la procréation (AMP), les gens pensent qu’avec l’AMP, ça va être simple », souligne Virginie Rio, fondatrice du collectif Bamp, une association de patients de l’assistance médicale à la procréation et de personnes infertiles. S’il est possible de tomber spontanément enceinte après 45 ans -Virginie Efira en est la preuve-, la réalité est souvent plus cruelle. Zoom sur le contrechamp de ces photos ultra-glamours qui véhiculent des fausses croyances sur la fertilité et les exploits de la médecine.

6 % de chances de tomber enceinte à 40 ans

De plus en plus de femmes décident de fonder une famille après 38 ans. Mais plus une femme attend, plus c’est difficile pour certaines. « À partir de 38 ans environ, l’appauvrissement de la réserve ovarienne s’accentue. Les capacités reproductives cessent plusieurs années avant la ménopause, qui survient vers 50 ans (…). Ainsi, la fécondabilité (la probabilité de concevoir) par cycle est estimée (…) à 6 % à 40 ans », selon le Rapport sur les causes d’infertilité mené par Professeur Samir Hamamah et Salomé Berlioux en 2022. C’est loin de marcher en claquant des doigts.

« Toujours utiliser l’exemple positif pour dire, vous voyez ça marche, est problématique, reprend Virginie Rio. Oui, ça marche pour certaines femmes qui sont peu nombreuses. Mais mettre cette représentation occulte toutes celles et ceux pour qui ça ne marche pas et qui sont plus nombreux ».

Et, contrairement aux idées reçues, la médecine est très loin d’être une magicienne. Selon le même rapport, « au-delà de 38 ans, les résultats de la fécondation in vitro (FIV), [qui consiste à reproduire en laboratoire la rencontre entre l’ovocyte et le sperme], sont insatisfaisants, et ils sont en outre impactés par un taux de fausse couche pouvant atteindre 40 % ». Les taux d’accouchement par cette technique sont d’environ 13 % à 38/39 ans, 6 % à 40/42 ans et 2,5 % à 43 ans et plus, selon les chiffres de l’Agence de biomédecine (ABM 2020). Vous admettrez qu’on est loin de la solution miracle.

La France, mauvaise élève de la PMA

« En France, quand on dit 25 % de réussite en moyenne, on dit 75 % d’échecs, et pourquoi 75 % d’échec ? On a une marge d’amélioration à mettre en œuvre, analyse Virginie Rio. On peut commencer à 30 ans un parcours d’AMP et ne pas l’avoir fini à 40 ans. Il faut optimiser certains aspects ».

Contrairement à d’autres pays comme l’Espagne ou les Etats-Unis, de nombreux tests sur l’embryon et sur les patients ne sont pas systématiquement réalisés en France, voire sont interdits par la loi. A titre d’exemple, la médecine n’a pas le droit de faire le diagnostic préimplantatoire à la recherche d’aneuploïdies (anomalies chromosomiques), ou DPI-A, utilisé dans la plupart des pays européens. Il permet de détecter les anomalies du nombre de chromosomes dans une à deux cellules de l’embryon. Il optimise les chances de grossesse dans le cadre d’une FIV en vérifiant le potentiel implantatoire de l’embryon.

Résultat, en France, on transfère (déposer dans l’utérus de la femme) des embryons qui n’ont aucune chance de mener à une grossesse. Les couples font face à des échecs répétés et évitables. Et ne parlons pas du risque de subir une interruption médicale de grossesse (IMG) en cas d’anomalies chromosomiques.

Laure Beaudonnet

Date de dernière mise à jour : 30/03/2024

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