Hanouka « fêté » à l’Élysée : cette bougie allumée avec Emmanuel Macron fait bondir la classe politique

Le 7 décembre 2023, une scène surréaliste s’est déroulée avec l’allumage de la première bougie de Hanouka au cœur du Palais de l’Élysée. Le Grand Rabbin de France, tout en prière, a orchestré la cérémonie en présence du président Macron.

Cette scène contraste avec le déboulonnage de la statue de la Sainte Vierge et les interdictions de crèches. Le concept de laïcité est-il réservé aux seules communautés musulmanes et chrétiennes ?

La Rédaction

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EN DIRECT - Hanouka à l'Élysée : une célébration unanimement dénoncée par  les oppositions, suivez les réactions

Le président de la République a célébré cette année la fête juive de Hanouka à l’Élysée. Les critiques ont rapidement affleuré.

POLITIQUE - La fête juive de Hanouka s’est invitée à l’Élysée cette année, et cela ne plaît pas à tout le monde. Une cérémonie de la Conférence européenne des rabbins organisée jeudi 7 décembre a fait l’objet de plusieurs vidéos partagées sur les réseaux sociaux, comme vous pouvez le voir en tête de notre article.

On y voit notamment l’allumage par le grand rabbin de France Haïm Korsia, sous les yeux d’Emmanuel Macron, d’une bougie de Hanouka, au premier jour de la traditionnelle fête des lumières. Si l’événement a été salué par plusieurs éminents de la communauté juive (mais pas tous, comme on peut le voir en fin d’article), il a fait bondir de nombreuses personnalités politiques.

Ainsi, à gauche, le secrétaire national à la laïcité du Parti socialiste Jérôme Guedj a estimé sur X (ex-Twitter) qu’« aucun élu de la République ne devrait participer (à une cérémonie de Hanouka), comme toute manifestation religieuse ». « L’Élysée n’est pas un lieu de culte (...) On ne transige pas avec la laïcité », a renchéri Carole Delga, présidente de la région Occitanie, dénonçant « un mauvais signal envoyé par l’État à la République ».

« Une faute politique impardonnable »

Quand la sénatrice socialiste du Sénat Laurence Rossignol estime qu’Emmanuel Macron a agi de la sorte avec « de la vraie nitroglycérine et des vraies allumettes », le numéro 1 de la France insoumise, Manuel Bompard, y voit pour sa part « une faute politique impardonnable ». Le député LFI pointe — comme Jérôme Guedj — le décalage de cette célébration avec la journée de la Laïcité prévue ce samedi 9 décembre.

« Imagine-t-on une messe de Noël ou l’Aïd à l’Élysée ? Ce n’est pas sérieux », a lui pointé de son côté l’ancien député Julien Aubert, aujourd’hui vice-président des Républicai

Après coup, l’Élysée a tenté de justifier la séquence en rappelant le contexte. « Le président a reçu le prix Lord Jacobovits de la Conférence européenne des rabbins, qu’Angela Merkel a reçu en 2013 ou encore le roi Felipe d’Espagne en 2016, pour saluer son action contre l’antisémitisme. Le grand rabbin de France, qui était présent, a salué le discours de remerciement du président après avoir reçu son prix en allumant la première bougie de Hanouka », a fait savoir l’entourage présidentiel à Politico.

« La laïcité n’est pas la négation des religions. J’ai accompagné de multiples fois le président dans des mosquées, des synagogues, des églises, des temples », a lui défendu le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur franceinfo ce vendredi.

Un paradoxe avec son absence à la marche contre l’antisémitisme

Ce n’est pas la première fois que les choix d’Emmanuel Macron font débat. En ne participant pas à la grande marche organisée à Paris le 12 novembre, dans le contexte de la guerre au Proche-Orient entre Israël et le Hamas, il avait été accusé de manquer une occasion de marquer le combat contre l’antisémitisme.

Le lien a été directement fait par David Lisnard, maire (LR) de Cannes, et président de l’Association des maires de France. « Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale, et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel ? À ma connaissance, c’est une première, contraire à la laïcité », a-t-il dénoncé.

« C’est une erreur », a aussi assuré Yonathan Arfi, président du Crif sur Sud Radio, considérant que « l’Élysée n’est pas l’endroit pour allumer une bougie » et qu’Emmanuel Macron « n’est pas dans son rôle ».

La Rédaction avec AFP

 

Date de dernière mise à jour : 08/12/2023

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