Pour les élections européennes, le président Macron demande à ses ministres de « se remuer »

Le président de la République montre son souhait de passer à la vitesse supérieure, après un début de campagne difficile pour Valérie Hayer et son camp.

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 Merci de vous comporter comme tels. En nommant Gabriel Attal à Matignon, puis un gouvernement resserré mais garni de profils très politiques, Emmanuel Macron voulait une équipe de combat pour mener les élections européennes et faire entendre la voix du camp présidentiel. Des espoirs déçus, deux mois et demi plus tard ?

Plusieurs échos de presse font en tout cas état de l’agacement du président de la République face à un début de campagne atone, alors que les signaux sont au rouge pour Valérie Hayer dans les sondages d’intentions de vote.

Vendredi, Le Parisien racontait dans ses colonnes le « gros coup de pression » d’Emmanuel Macron sur ses troupes, quelques jours plus tôt, lors d’un dîner des pontes du camp présidentiel à l’Élysée. « L’heure est plus au commentaire qu’à la mobilisation, j’aimerais bien que ça change », aurait-il lancé. Depuis, il monte au créneau lui-même, en des termes encore plus clairs.

« J’ai demandé aux ministres de se bouger »

C’est Le Journal du Dimanche, qui a pu suivre de près le chef de l’État lors du dernier conseil européen à Bruxelles, jeudi et vendredi, qui relaie ce nouveau coup de semonce présidentiel. « J’ai demandé aux ministres de se bouger », a ainsi expliqué Emmanuel Macron au JDD.

Et d’ajouter, dans une sorte d’ébauche de programme : « Il faut faire campagne sur l’Europe de la défense qui est en train de sortir de son isolement géopolitique. Il faut aussi mettre en avant un projet de protection des enfants, notamment contre la pédopornographie en ligne, le harcèlement. Sur la santé, il faut proposer un grand plan européen. » Autant de mots qui témoignent de l’envie du chef de l’État de passer à la vitesse supérieure.

Il faut dire que pour l’instant la campagne du camp présidentiel a des airs de chemin de croix. Valérie Hayer est largement distancée dans les études d’intentions de vote par la liste du Rassemblement national menée par Jordan Bardella. Elle accuse un retard d’au moins dix points selon notre compilateur de sondages.

Un danger nommé Glucksmann ?

L’eurodéputée ne semble bénéficier d’aucune dynamique depuis qu’elle a été choisie par le président de la République pour mener cette bataille. L’offensive du couple exécutif contre le Rassemblement national, un premier meeting de campagne à Lille avec tous les ténors du camp présidentiel, la présence et les avertissements d’Emmanuel Macron sur les sujets liés à la guerre en Ukraine… Rien n’y fait, pour le moment.

Plus inquiétant encore, les études d’intentions de vote tendent à montrer ce que certains pontes de la majorité redoutent : l’effritement du socle électoral du chef de l’État vers la gauche, et plus précisément, la liste PS-Place Publique de Raphaël Glucksmann. L’eurodéputé, qui lance sa campagne ce dimanche avec un meeting près de Toulouse, semble être le 3e homme installé de cette campagne, et flirte avec les 13 % d’intentions de vote dans certains sondages.

« En raison de la droitisation accentuée du second quinquennat, [Renaissance] perd sur sa gauche : 20 % des électeurs qui ont voté pour Macron au premier tour de la présidentielle 2022 devraient voter pour une liste de gauche, principalement pour celle conduite par Glucksmann », analyse Gilles Finchelstein, le secrétaire général de la Fondation Jean Jaurès, dans une note d’étude publiée mi-mars. Une raison de plus de « se bouger ».

Anthony Berthelier

 

 

Date de dernière mise à jour : 24/03/2024

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