Islamo-gauchisme · Nous ne devons plus tolérer l’intolérable

Dans un texte à l’initiative de l’Institut Thomas More, plusieurs personnalités, dont Alain Finkielkraut et Élisabeth Badinter, plaident pour la dissolution du NPA et des Indigènes de la République après leurs déclarations sur le Hamas. Ils ont écrit une lettre officielle en ce sens au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Guerre Hamas-Israël : des manifestations pro-palestiniennes interdites à  Paris jeudi

Il y a près de quinze ans, lors d’une intervention à l’Assemblée nationale sur le port du voile intégral, l’un d’entre nous déclarait que « parce que nous avons été tétanisés à l’idée que nous risquions d’être intolérants, nous avons toléré l’intolérable ». Cette déclaration amère se mue en colère et en remords depuis l’attaque des terroristes islamistes du Hamas contre Israël ce samedi 7 octobre, provoquant la mort de 1 200 personnes – dont des femmes, des enfants et des personnes âgées en grand nombre – et en blessant plus de 2 700 autres.

En refusant de condamner sans équivoque l’agression d’Israël par une organisation terroriste, en renâclant à affirmer son soutien envers le peuple israélien, en multipliant les circonvolutions obscènes pour ne pas nommer les choses, une part importante de la gauche a franchi une nouvelle étape dans l’affirmation d’une vision politique qui, en plus d’être injurieuse pour un pays ami qui traverse l’un des moments les plus douloureux de son histoire, est odieuse pour la France.

Ceux-là que l’on a vu scander « Allahu akbar » lors de la manifestation du 10 novembre 2019 aux côtés de groupes salafistes ou liés aux Frères Musulmans, ceux-là qui ont soutenu le militant et avocat franco-palestinien Salah Hamouri, condamné en 2008 par la justice militaire israélienne pour avoir projeté l’assassinat d’un rabbin et accusé d’être membre d’une organisation terroriste, refusent aujourd’hui de condamner non pas seulement les actes accomplis mais l’organisation qui les a planifiés, préparés et ordonnés : le Hamas.

Trop, c’est trop. Il est temps de dénoncer et de combattre ce qu’est devenue une partie de la gauche. Il est temps de comprendre la leçon de ces quinze années écoulées et de ne plus tolérer l’intolérable. En parole et en acte.

Certains élus de LFI se dissimulent encore derrière le faux nez de l’antisionisme pour refuser de qualifier le Hamas de mouvement terroriste et renvoient dos-à-dos les soldats de Tsahal qui défendent leur pays et des terroristes islamistes qui tuent femmes et enfants, violent, torturent, décapitent et exhibent leurs victimes dans des selfies aux cris de « Allahu akbar ». D’autres avançant à visage découvert et ne se cachent même pas derrière ces faux-semblants. C’est le cas du NPA (Nouveau parti anticapitaliste) qui appelle à l’Intifada et affirme son soutien aux moyens de lutte utilisés le 7 octobre : ce qui revient en droit à faire l’apologie du terrorisme et à inciter à poursuivre les actions terroristes. C’est le cas du PIR (Parti des indigènes de la République), mouvement antisioniste fondé par Houria Bouteldja, qui va encore plus loin dans l’horreur puisqu’il a salué l’héroïsme des combattants de Gaza en adressant au Hamas sa « fraternité militante ».

Ces propos ont été rendus possible par notre lâcheté. Nous avons laissé une gauche radicale d’abord complaisante, puis militante, enfin complice, croître en marge des principes républicains sans jamais vouloir la nommer, la dénoncer ou la combattre. Ses relais médiatiques affirmaient à longueur de tribunes et d’émissions que cet islamo-gauchisme n’existait pas et relevait de fantasmes de l’extrême-droite : accusations calomnieuses visant à tétaniser toute volonté d’agir contre ceux qui, par idéologie, électoralisme ou simple bêtise, avaient décidé de se tenir du côté de l’intolérable et de faire alliance avec ceux qui se dressent contre nos principes les plus chers.

Nous avons toléré l’islamo-gauchisme antisémite tentant de justifier par la détresse sociale la tuerie des enfants de l’école juive de Toulouse par Mohammed Merah. Nous avons toléré la chape de plomb de cette gauche et de sa formule paralysante « pas d’amalgames ». Nous avons toléré ceux qui refusaient d’« être Charlie » au nom de cette escroquerie intellectuelle qu’est l’« islamophobie ». Nous avons toléré les propos d’Edwy Plenel affirmant que la une de Charlie Hebdo (qu’on est en droit de ne pas apprécier bien sûr) était une « guerre aux musulmans » menée par « une gauche égarée ».

C’en est fini. Nous ne devons plus craindre de dénoncer l’intolérable par crainte des procès en « islamophobie » ou d’odieuses chasses aux sorcières. Nous ne devons plus laisser sans réagir se propager dans notre pays, ses rues, ses mairies, ses écoles, un islamisme conquérant et de plus en plus assumé. Nous ne devons plus laisser sans réponse les appels explicites à la lutte armée contre Israël, un pays ami et seul État démocratique de sa région. Nous devons cesser de ne rien dire et au contraire proclamer notre détermination à ne pas laisser s’installer dans notre pays un islamo-gauchisme conquérant qui pave la voie à un islamismo-fascisme qui assume l’action violente et le terrorisme.

Car ce n’est plus seulement la conversation civique qui est rendue impossible avec ses tenants. C’est la paix civile qui est en jeu, et la montée des tensions sur notre territoire. Dans cet archipel qu’est devenue la France, gardons-nous des prêcheurs de haine qui galvanisent désormais au grand jour certains îlots. C’est la raison pour laquelle, venus d’horizons, de traditions et d’engagements divers, nous avons adressé, à l’initiative de l’Institut Thomas More, une lettre officielle demandant au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin la dissolution de plusieurs organisations ou mouvements politiques. En l’espèce, le choix de la dissolution n’est pas laissé à la discrétion de l’État : il est juridiquement contraint de le faire puisque les motifs justifiant une dissolution sont remplis. Face à l’intolérable, il est temps de joindre l’acte à la parole.

Signataires

Mehdi Aifa, responsable associatif ; Élisabeth Badinter, philosophe ; Guillaume Bigot, politologue ; Rémi Brague, philosophe ; Jean-François Braunstein, philosophe ; Carine Chaix, avocat ; Vincent Coussediere, professeur de philosophie, essayiste ; Sara Daniel, journaliste ; Chantal Delsol, membre de l’Institut, professeur émérite des universités ; Alain Finkielkraut, de l’Académie française, philosophe ; Renée Fregosi, philosophe et politologue ; Yana Grinshpun, maître de conférences linguistique ; Hubert Heckmann, maître de conférences ; Nathalie Heinich, sociologue ; Emmanuelle Henin, professeur à Sorbonne Université ; Florence Heymann, anthropologue, chercheur émérite au CNRS ; Marie Myriam Ibn Arabi, chef d’établissement ; Aymeric de Lamotte, directeur général adjoint de l’Institut Thomas More ; Damien Le Guay, philosophe ; Alexandra Laignel-Lavastine, philosophe et historienne ; Jean-Thomas Lesueur, directeur général de l’Institut Thomas More ; Bérénice Levet, docteur en philosophie, essayiste et professeur (IPC) ; Ariane Littman, artiste et maître de conférences au Collège académique HADASSAH ; Fadila Maaroufi, anthropologue ; Aurélien Marq, essayiste ; Anne-Sophie Nogaret, écrivain ; Rémi Pellet, professeur de droit, Université Paris Cité ; Damien Serieyx, éditeur ; Jean Szlamowicz, professeur des universités et linguiste ; Pierre-Henri Tavoillot, philosophe ; Pierre-André Taguieff, philosophe et historien des idées ; Michèle Tribalat, démographe ; Caroline Valentin, avocat ; Pierre Valentin, essayiste ; Lyvann Vaté, professeur agrégé de philosophie ; Olivier Vial président de l’UNI ; Aude Weill-Raynal ; l’association La France en partage.

Tribune collective publiée sur le Figaro Vox, initiée par l’Institut Thomas More

Date de dernière mise à jour : 15/10/2023

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