LA FAILLITE D'AIR FRANCE-KLM

Alors que le patron de Boeing a semé la panique mardi à Wall Street en annonçant (sans la nommer) la faillite prochaine d’une grande compagnie aérienne américaine, que va-t-il se passer en France pour Air France- KLM ? Nous savons que le groupe reçoit de l’État français une aide de 7 milliards d’euros pour Air France alors que les Pays-Bas suivent en injectant 2 à 4 milliards d’euros supplémentaires pour KLM. Mais ce plan de sauvetage qui permet à la compagnie de faire face momentanément à ses pertes pendant la crise du coronavirus, sera-t-il assez efficace pour lui donner une visibilité à long terme ? Ce n’est pas du tout certain. Pour survivre actuellement et pour ne pas disparaître à court terme, Air-France-KLM doit engager obligatoirement et rapidement une politique de restructuration indispensable pour assurer son avenir et celui de ses salariés.

Mais rappelons-nous brièvement les difficultés passées d’Air France.

Voici 26 ans, le groupe avait bénéficié d’une recapitalisation de 20 milliards de francs à l’époque (correspondant aujourd’hui à 3 milliards d’euros) afin d’échapper à la faillite. Positivement, la compagnie avait parfaitement réussi un redressement spectaculaire, lui donnant ainsi une envergure de taille dans l’espace européen du transport aérien.

Mais, à cette époque, il n’y avait pas la rivalité des compagnies « low cost » telles Ryanair ou EasyJet qui proposent des voyages à des prix défiant toute concurrence. À l’heure actuelle, tout a bien changé et des entreprises comme Air France-KLM n’ont plus les moyens d’assurer les vols dans des conditions peu coûteuses pour une clientèle de plus en plus populaire.

Ainsi, l’erreur fondamentale d’Air France-KLM, est de ne pas vouloir se réformer. Cette bévue ne concerne pas uniquement le groupe franco-néerlandais. En fait, elle s’applique à de nombreuses entreprises françaises qui, à moyen terme, disparaîtront du paysage économique, soit après une fermeture définitive, soit par suite d’une délocalisation. Ce constat a été fait depuis bien longtemps et c’est la raison pour laquelle notre industrie nationale et notre système commercial ont été détruits au fil des décennies pour laisser la place aux diverses concurrences étrangères.

En vérité, nous devrions profiter de la crise du Covid-19 pour rebondir. C’est le moment de créer en France de nouvelles entreprises basées sur des technologies novatrices afin de mettre en place le retour de l’industrie. La renaissance industrielle doit être l’objectif de la Nation dès 2021 et c’est ainsi que nous pourrons réduire considérablement le chômage dans les cinq années à venir.

Pour en revenir sur le sort du groupe Air France-KLM, il  faut considérer que les aides des États français et néerlandais ne pourront pas sauver la compagnie. Dans le contexte actuel et futur, c’est mission impossible. Cependant certains observateurs ont approuvé les décisions gouvernementales sous prétexte qu’il faut absolument sauver les emplois. Antérieurement, nous avons déjà connu à plusieurs reprises ce genre de situations. Ces initiatives se terminent le plus souvent par un désastre que l’on repousse de 2 à 3 ans parfois, et au final, l’entreprise explose avec une dette considérable à laquelle s’ajoutent les innombrables pertes d’emplois.

C’est ainsi que les aides au sauvetage partent en fumée et ne servent à rien en fin de compte, si ce n’est à calmer les esprits et à masquer une fois de plus la détérioration d’une économie déjà bien fragilisée. Aussi, faudrait-il mieux réaliser des investissements productifs en soutenant immédiatement la création d’entreprises, surtout quand ces dernières sont porteuses d’emplois. Soutenir des entreprises moribondes, c’est une grossière erreur qui défavorise le développement du pays et qui va à contre sens des projets d’avenir. Créer, c’est résister. Oui, la création permet systématiquement à une nation de résister aux aléas de la vie.

Il faudrait donc que l’État réagisse et s’investisse à fond dans le renouveau français. Remplaçons Air France-KLM par une compagnie qui portera les couleurs de la Nation tout en proposant des services à prix compétitifs. Ne laissons plus des entreprises étrangères comme EasyJet (compagnie britannique) ou Ryanair (compagnie irlandaise) envahir le marché français et détruire notre transport aérien.

En attendant, il faudra bien gérer trop tardivement une situation totalement dégradée dans l’aviation commerciale et admettre à court ou moyen l’inévitable faillite d’Air France qui fut pendant longtemps, faut-il le préciser, le fleuron de nos compagnies aériennes.

Pierre Reynaud

AIR FRANCE

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