Bretagne: les promesses n’engagent que ceux qui y croient

S’étant le 3 novembre précipité dans le Finistère pour constater les dégâts causés par la dramatique tempête Ciaran et réconforter les sinistrés, Emmanuel Macron leur affirmait qu’ils n’avaient aucun souci à se faire, car l’état de « catastrophe naturelle » leur serait garanti. Virage spectaculaire le 15 novembre puisque son ministre de l’Agriculture Marc Fresneau a dû avouer sur France Info que « l’état de catastrophe naturelle ne sera pas reconnu en Bretagne ».

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Le chef de l’État en avait-il donc menti ? Sans doute avait-il mis un bémol à ses promesses en précisant dans une courte passée inaperçue que le régime en question serait appliqué « partout où ça pourra se faire ». Donc, apparemment, pas en Bretagne après examen des lieux et des circonstances. Mais, alors, pourquoi avoir fait naître de faux et fols espoirs ?

Pour faire digérer ce couac monumental aux déçus à la veille de sa visite aux Bretons, Marc Fresneau y est allé à son tour de sa promesse : le déblocage d’un « fonds de 80 millions d’euros » destinés aux agriculteurs des régions Bretagne, Normandie et Hauts-de-France. Somme dérisoire au regard des colossales pertes déjà subies par ces trois régions. Et pour certaines irréversibles puisque les terres agricoles ont été emportées par les eaux sur des milliers d’hectares, rendant inviables les exploitations.

L’Ukraine mieux servie

Somme dérisoire surtout au regard du pactole versé directement à l’Ukraine, hors contribution à l’effort considérable fourni par l’Union européenne. Selon un rapport parlementaire présenté le 8 novembre devant la commission de la Défense et des forces armées à l’Assemblée nationale, le coût du seul soutien militaire apporté par la France à Kiev atteint 3,2 milliards d’euros, plus 200 millions de rallonge annoncés le même jour par le ministre des Armées Sébastien Lecornu. Côté civil, s’ajoutent 1,2 milliards d’euros pour la reconstruction du pays, 200 millions d’euros d’aide humanitaire, la moitié pour l’accueil des réfugiés,13 millions d’euros pour le soutien contre la Russie devant la Cour pénale internationale, etc. Nota bene : émanant du Quai d’Orsay, ces chiffres remontent à février 2023 et la facture a dû pas mal s’allonger depuis.

Camille Galic

Date de dernière mise à jour : 16/11/2023

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