La lourde facture du boulanger

Tous ceux qui habitent la campagne ou y ont grandi, savent en quoi le boulanger est une figure centrale du village. Tant pour ses services d’artisan que pour son rôle de travailleur social.

BOULANGERIE

Si l’on devait tourner aujourd’hui un remake réaliste de « La femme du boulanger », le ton serait nettement moins burlesque que celui employé par Marcel Pagnol… Ce n’est plus par chagrin d’amour que l’homme songerait à se pendre, mais pour défaut de paiement, et faillite forcée.

On parlait d’exode rural comme d’une fatalité historique, on disait la campagne en état d’agonie socio-économique, désertée par les jeunes générations en quête de profits et de divertissements… Faux. Soucieux d’échapper à cet épouvantable conformisme urbain qui dégrade les corps et les esprits, ils sont nombreux, les jeunes, à avoir « repeuplé » la France rurale ces dernières années.

Artisans, ouvriers, agriculteurs, les voilà résolus à rejeter le modèle néo-bourgeois de réussite personnelle qu’on leur a imposé ab ovo, ce monde du secteur tertiaire déshumanisé, fait de prédation et de spéculation. Ils vivent dignement, sans bons points ni prétention, à tirer satisfaction de leur engagement en faveur de la collectivité locale. Le formatage scolaire et la propagande médiatique ne prennent pas, à terme, sur l’être sain et volontaire, en recherche perpétuelle de vérité.

Une société viable est une société où chacun trouve sa place et se sait utile. Ce que nous connaissons aujourd’hui comme modèle de prospérité, cette logique américaniste de l’engagement et des relations, n’a plus rien de stimulant ni d’épanouissant pour les gens. Malgré les tentatives de corruption culturelle et politique tous azimuts, beaucoup l’ont maintenant compris.

L’homme est un être naturellement productif : le condamner à la virtualité bureaucratique est une façon d’en altérer cette précieuse intuition qui lui permet précisément de résister aux prédateurs. L’improductivité mène à la servilité ; et la servilité ne fait qu’entretenir les totalitarismes.

Alors qu’on inscrit la baguette de pain, symbole de la gastronomie française à travers le monde, au patrimoine immatériel de l’UNESCO, cette reconnaissance heureuse sonne, sous la présidence de Macron Ier, comme l’expression d’un cynisme graveleux que seule la « Première dame » est en mesure d’apprécier…

Ce qui est assez fascinant chez Macron Ier, c’est ce sans-gêne à toute épreuve qu’il emploie en roi des imposteurs sous acide, délirant avidement en éléments de langage contradictoires auprès d’un peuple sidéré.

Avec la disparition des boulangeries de village, en niant l’économie réelle de proximité et son savoir-faire artisanal, tous domaines d’activité confondus, on poursuit le projet exterminateur de globalisation qui voit fondre ou se faire racheter une à une – confinement sanitaire aidant – les petites et moyennes entreprises, dernières garanties de l’indépendance productive et de l’identité nationale.

La société idéale pour les animateurs du globalisme, est une société consensuelle, non concurrentielle, où le pain est distribué par une super-enseigne unique, où tous les livres s’achètent chez un même éditeur, où l’on « borne » ici et là dans chacune de ses activités quotidiennes, à valider ou non sa carte du progrès, bref une société dystopique qui permette à nos gouvernants le contrôle absolu et le traçage permanent des personnes, des marchandises et des idées.

Ce monde ultra-policier n’a aucun avenir et il faut être d’une malhonnêteté maladive pour y croire. Si l’on devait y parvenir, il serait rapidement reconquis par l’esprit, l’intelligence et la force. Mais n’attendons pas davantage, car le temps est trop précieux pour en faire cadeau aux malfaiteurs. Stoppons-les.

Rorik Dupuis Valder

Date de dernière mise à jour : 02/01/2023

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