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Économie ou écologie : peu importe, les éoliennes sont hors sujet

L’énergie renouvelable devrait, à l’horizon 2030, couvrir 42,5 % de la consommation des pays membres de l’Union européenne, conformément au Pacte vert et au plan REPowerEU. Préférer l’éolienne au réacteur nucléaire devient, dans cette optique, une priorité. Ce projet n’est pas sans répercussions économiques : ce week-end, en Europe, les éoliennes ont fait exploser le prix de l’électricité. L’Allemagne, qui a éteint, le 15 avril 2023, ses trois derniers réacteurs et tient actuellement le record européen de construction éolienne, avec pas moins de 30.000 éoliennes, a vu le prix de électricité toucher des sommets qu’il n’avait pas atteints depuis sept mois, culminant à 524 euros le mégawattheure.

La raison est simple : il n’y avait pas de vent, ce week-end, et la demande d’électricité était particulièrement forte. L’un et l’autre vont d’ailleurs de pair. Lors des forts pics de chaleur ou de froid, le vent cesse de souffler, puisqu’il n’y a plus de mouvement entre les masses d’air. Et c’est dans ces conditions climatiques que la demande énergétique s’accroît, chauffages, chauffe-eaux, climatiseurs et ventilateurs fonctionnent à plein régime.

ÉOLIENNES

L’énergie propre des éoliennes perd son sens

Sans vent, les éoliennes n’ont aucune utilité. Il convient donc de pallier ce manque par l’utilisation de centrales à gaz, à charbon ou à pétrole. L’énergie propre des éoliennes perd alors tout son sens. L’Allemagne l’illustre bien. 19,28 % de l’électricité du pays sont issus de l’énergie éolienne. Pourtant, son émission de CO2 s’élève à 370 grammes par kilowattheure, contre 43 grammes en France, dont l’énergie éolienne ne représente que 8,94 % de la production électrique. L’enjeu climatique est lourd et ne peut certainement pas être utilisé à juste titre - en tout cas, pas de manière absolue - pour expliquer l’éclosion outrancière de parcs éoliens. « Les éoliennes ne sont pas une réponse à la pseudo-crise énergétique », explique ainsi Fabien Bouglé, expert en politiques énergétiques, joint par BV.

L’énergie éolienne n’est pas fiable, elle n’est pas stable, elle est dépendante des caprices du vent puisque, s’il souffle trop ou pas assez fort, les pâles sont mises à l’arrêt. On peut multiplier à l’infini les parcs éoliens, sur mer comme sur terre : si le vent ne souffle pas, les turbines ne s’actionnent pas. Et ce paramètre pèse lourd sur le prix de l’électricité. En effet, les éoliennes intermittentes ne produisent qu’à hauteur de 20 % de leur capacité de production maximale, quand elles fonctionnent... entre 75 et 95 % du temps, selon le journaliste Philippe Collet. Combler cette perte d’efficacité est donc nécessaire. Pour cela, on compense par l’utilisation du gaz. Or, le marché européen de l’électricité est indexé sur le prix du gaz, puisqu’une part importante de l’électricité est produite à partir de gaz. Son prix est alors fixé sur l’unité de production la plus chère. L’engrenage est déclenché, s’ensuit une escalade de hausse des prix.

La production d’énergie n’est pas suffisante

Somme toute, les éoliennes produisent effectivement une énergie renouvelable et propre - abstraction faite des matériaux de constructions, de leur transport, des dalles de béton qu’elles nécessitent, etc. – mais cette production n’est pas suffisante. Or, l’enjeu, pour garantir des prix sinon bas, au moins décents, est de produire d’avantage qu’on ne dépense. De ce fait, l’usage d’éoliennes ne justifie en aucun cas la fermeture de réacteurs nucléaires.

David Lisnard, président de l’Association des maires de France et maire de Cannes, est catégorique : sans la fermeture de la centrale de Fessenheim et des quatorze réacteurs dont se vante le gouvernement, « la France aurait été le pays dont l’énergie électrique aurait coûté le moins cher ».

Dans l’état actuel des choses, les tarifs augmentent à tel point qu’un bouclier tarifaire a dû être déployé. Le mix énergétique et plus particulièrement électrique est donc essentiel et il s’agit de ne pas s’acharner, sous prétexte d’idéologie écologique biaisée, à laisser la plus grande part de cette répartition à une source d’énergie qui, quoique renouvelable à l’infini, ne peut répondre systématiquement aux besoins qui la sollicitent.

Raphaelle Claisse

Date de dernière mise à jour : 14/09/2023

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