MARSEILLE : La guerre des clans s'aggrave avec la drogue

Marseille compte ses morts. Ce lundi 24 avril, dans la soirée, un sexagénaire attablé dans un café du XIVe arrondissement de Marseille est tué par balles alors qu’il jouait aux cartes avec des amis. Il serait, selon les enquêteurs, une victime collatérale du trafic de stupéfiants qui sévit dans la cité phocéenne. Son décès porte au nombre de 17 les victimes du trafic du drogue dans la ville depuis le début de l’année.

MARSEILLE VIEUX PORT

Deux clans ennemis

Derrière cette recrudescence de meurtres, « il y a une guerre entre deux clans majeurs de Marseille », résume Frédérique Camilleri, la préfète des Bouches-du-Rhône, au micro de BFM TV. Si la Castellane (XVe arrondissement), cité des quartiers nord de Marseille, a pendant longtemps fait la une de l’actualité avec ses trafics et règlements de comptes, la Paternelle, autre cité des quartiers nord, située cette fois-ci dans le XIVe arrondissement, est depuis quelque mois devenue un nouveau foyer de criminalité sur fond de trafic de drogue. Reliés par la rocade L2 au milieu des années 2010, les « fours » - points de deal – du quartier ont vu leur clientèle considérablement augmenter, faisant de la cité une nouvelle plaque tournante du trafic de stupéfiants à Marseille.

Si, pendant un temps, les quatre points de vente de stupéfiants, tenus alors par quatre gangs distincts, vivaient en « bonne harmonie », le confinement a profondément bouleversé la physionomie du trafic. Ainsi, depuis près de trois ans, deux clans règnent en maîtres dans la cité et se livrent une véritable guerre de territoire. D’un côté, les Yoda - du nom du point de deal à l’entrée de la Paternelle -, très populaires sur les réseaux sociaux et dans les clips de rap, sont parvenus à mettre la main sur trois « fours ». De l’autre, les Maga, au cœur du quartier, gèrent le quatrième point de deal. Au-delà de leur rivalité commerciale, ces deux clans, qui réalisent entre 10.000 et 80.000 euros par jour de chiffre d’affaires, sont maintenant prêts à tuer pour parvenir à leurs fins. Et pour mener à bien leur vendetta, ils n’hésitent pas à recruter des petites mains parmi les plus vulnérables. Des adolescents, dont certains inconnus des services de police, ravis d’empocher plusieurs milliers d’euros, ou de jeunes migrants se font embaucher en tant que guetteurs, revendeurs, « préparateurs » ou, pire, comme tueurs à gages.

Présence policière

Face à cette hausse de la criminalité, la préfecture a décidé de renforcer les effectifs de police. Déploiement d’une CRS 8 (unité spécialisée des violences urbaines, NDLR), arrivée d’une dizaine d’officiers de police judicaire d’ici le mois de septembre pour renforcer les unités de la brigade rapide d’intervention (BRI) : des moyens sont mis en place pour lutter et démanteler les réseaux de drogue implantés dans la cité phocéenne. La ville de Marseille a également mis « ses moyens techniques et humains à la disposition de la police nationale et de la justice », a annoncé sur Twitter Benoît Payan, le maire socialiste de Marseille.

 En attendant, les caïds et dealers de Marseille continuent de se pavaner sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, ils n’hésitent pas à afficher les tarifs de leur marchandise, à promouvoir leur « four » et à ridiculiser les interventions policières à la Paternelle. Comme le prédit l’édile marseillais, la lutte contre le narcotrafic qui prospère depuis des années s’annonce « longue ». Et pas gagnée...

Clémence de Longraye

Date de dernière mise à jour : 28/04/2023

  • 9 votes. Moyenne 4.3 sur 5.