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"Un très net recul": entre les JO et la météo, le tourisme estival tourne au ralenti

Quel sera cet été le bilan touristique de la France, premier pays visité au monde? La question est sur toutes les bouches alors que se profilent les Jeux olympiques de Paris, censés être un catalyseur à touristes.

Des touristes sous la pluie à Paris, le 31 mai 2024

Pourtant, les professionnels du secteur mais aussi du commerce affichent une certaine inquiétude. Si les JO attirent, à Paris, on évoque un taux de remplissage des hôtels à 85%, ils effraient également notamment à cause des nombreuses restrictions de circulation mises en place, des fermetures, et de la hausse des prix engendrée. Et le temps maussade cet été n'aide pas.

En résumé, la hausse des réservations générée pour la période des épreuves risque de ne pas compenser le manque à gagner par ceux qui ont décidé d'éviter Paris ou la France en général.

"La saison est compliquée"

Concrètement, l'Office du tourisme de Paris prévoit ainsi une baisse de 14,8% des arrivées internationales dans la capitale au mois de juillet par rapport à l'année dernière.

"La saison est compliquée", explique sur BFMTV Ghislain de Richecour, Président de France Tourisme.

"On a un contexte qui multiplie les difficultés avec le mauvais temps, la préparation des Jeux olympiques dans les grandes villes, avec beaucoup de travaux. L'image de la destination est perturbée. Pour les internationaux, il y a un très net recul des arrivées".

"Le début juillet est plutôt calme, entre les élections et les Jeux olympiques, il y a un manque de visibilité pour les Français. Un glissement s'opère vers le mois d'août, les ailes de saison mais aussi septembre qui devrait être très fort", estime de son, côté Vanguelis Panayotis, président du cabinet de conseil MKG consulting, interrogé sur BFMTV.

Pour Frank Delvau, président de l'union des métiers et des industries de l'hôtellerie d'Ile-de-France (UMIH), la situation est même "catastrophique".

"Paris se vide. La circulation devient quasiment impossible en raison des voies neutralisées à cause des préparatifs, ce à quoi il faudra ajouter lundi 15 juillet l'entrée en vigueur des voies olympiques et le 18 juillet prochain le périmètre de sécurité accessible uniquement sur présentation d'un QR code, même pour boire un café dans cette zone il faudra se justifier", poursuit-il auprès de Capital.

Comportement d'évitement

Ce constat est confirmé par Air France qui observe "un comportement significatif d'évitement" de la capitale française par la clientèle internationale. Le trafic au départ et à destination de la capitale française est inférieur à celui attendu de, et vers d'autres grandes villes européennes, estime la compagnie.

Elle remarque par ailleurs que "les volumes de voyages au départ de Paris vers d'autres destinations sont également inférieurs à la moyenne habituelle de la période juin-août". Pour le groupe, "les résidents français semblent reporter leurs vacances après la fin des Jeux olympiques ou envisager des options de voyage alternatives".

Côté SNCF, deux tiers des places de TGV sont encore disponibles, ce qui confirme cet attentisme.

Côté commerces, les Galeries Lafayette anticipent de leur côté une "perte d'activité de l'ordre de 5 à 10% sur les deux mois d'été" en raison des complications de circulation, a averti mi-juin le directeur général du groupe Nicolas Houzé.

Le ralentissement s'observe également chez les guides touristiques de la capitale.

Notamment à cause des installations des JO, de nombreux sites parisiens sont impossibles d'accès. "Je voulais voir la place de la Concorde, ce n'est pas possible. Je voulais voir le pont Alexandre III, ce n'est pas possible", se désole un touriste américain sur BFM Paris.

Déjà vu à Londres et Rio

"L'été est beaucoup plus calme que l'an dernier. La semaine dernière, j'ai eu deux annulations coup sur coup, je pense que c'était la peur de sortir à cause des élections", raconte à l'AFP Adriana Garin, guide touristique chez Eating Europe, agence organisant des visites gastronomiques dans la capitale.

"Notre clientèle est essentiellement américaine et aime se déplacer en taxi. Les difficultés de circulation sont clairement dissuasives", estime-t-elle.

"Les touristes qui visitent Paris pour la première fois ne veulent pas de restrictions", abonde Marie Dessaillen, guide dans les musées parisiens. "Normalement, je suis bookée trois mois à l'avance pour l'été mais là, je n'ai rien. Le public des JO n'est pas ma clientèle habituelle", indique-t-elle.

"Les plannings sont souvent chargés, quand on a deux ou trois activités dans la journée, cela suppose une fluidité dans les transports. C'est une vraie difficulté qui a été anticipée par les agences de voyage" qui évitent Paris, confirme à l'AFP Laurent Bonneval, guide chez Context Travel, constatant un "net ralentissement" de son activité.

"C'est une situation assez classique pour les Jeux olympiques. On l'avait vu à Londres et à Rio", tempère Didier Arno, directeur général du cabinet Protourisme sur BFM Paris.

Un contexte politique qui amplifie les réservations de dernière minute

Côté vacances des Français, le contexte politique est venu ajouter des difficultés. La dissolution de l'Assemblée nationale et les élections qui ont suivi ont "anesthésiés" les Français, indique Nicolas Dayot, président de la Fédération Nationale de l'Hôtellerie de Plein Air (FNHPA) à RMC. ils "ont bloqué leurs réservations", ce qui "a impacté négativement la première semaine de la haute saison", souligne-t-il.

"C'est pas encore perdu puisqu'on a une activité météo sensible et si le beau temps arrive au cours de l'été, on sauvera les meubles", estime ce gérant de campings en Bretagne.

Et en effet, cette année est celle des réservations de dernière minute. "La réservation de dernière minute est une pratique de plus en plus courante dans le choix des vacanciers. Sur fond d’inflation et de météo instable, ils privilégient la veille active. Et ils sautent sur l’occasion", souligne PAP. 

Sur Hotels.com et Abritel, les recherches d'hébergement se sont "considérablement accélérées", notamment pour les destinations ensoleillées hors France, montrant que "de nombreux Français misent en dernière minute sur la carte du soleil garanti", selon Xavier Rousselou, porte-parole de ces marques cité par l'AFP.

La Rédaction avec AFP

JO de Paris 2024 : le grand flou des retombées touristiques | Les Echos

Date de dernière mise à jour : 17/07/2024

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