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CULTURE : La chute des Césars.

Ce vendredi 24 février a eu lieu la 48° cérémonie des Césars, un événement culturel qui n'est jamais passé inaperçu depuis sa création en 1976.

En effet, c'est le 3 avril 1976 qu'a eu lieu la première cérémonie au Palais des Congrès sous la présidence de Jean Gabin. 13 Césars ont été remis alors et ce nombre a évolué au cours des années passées avec la création de nouveaux trophées ou l'abandon de certains. A l'origine, c'est Georges Cravenne qui a mis en place l'Académie des Césars avec en parallèle une association loi 1901 pour la Promotion du Cinéma.

CÉRÉMONIE DES CÉSARS

Au passage, nous rappellerons que le « César » est le trophée remis chaque année aux lauréats de la Cérémonie des Césars. C'est une reproduction très personnalisée de l'œuvre créée spécialement par le sculpteur César à a demande de Georges Cravenne. Il y eu une première version pour la Cérémonie de 1976, avant d'achever la compression actuelle de la statuette pour la 2ème Cérémonie de 1977. Pour mémoire, il faut rappeler que le César mesure 30 cm et pèse 3,7 kg environ.

Jusqu'en 2016 / 2017, la Cérémonie des Césars a connu un immmense siuccès parmi les médias et parmi le public. En effet, il était quasi impossible de manquer cet événement annuel, et les téléspectateurs en très grand nombre pour ne pas dire en forte majorité, se pressaient régulièrement devant leur téléviseur pour admirer les acteurs, les actrices, les réalisateurs et les metteurs en scène et plus généralement tous les techniciens du cinéma mis à l'honneur, sans oublier évidemment les films dont la sélection était systématiquement une garantie de succès pour les sorties en salles.

Depuis 1976, les Césars nous avaient gâté et chaque année, nous avions le bonheur et la grande joie de renconter les plus grandes stars du cinéma français ou étranger, ainsi que tous les comédiens et artistes de très haute qualité dont le talent indiscutable ne pouvait que séduire les foules, même pour les seconds rôles.

C'est ainsi que le cinéma français présentait une pleïade d'acteurs et d'actrices dont ne pourrons citer tous les noms ici, tellement ils étaient nombreux et très connus. Il suffisait d'observer seulement quelques secondes la salle pour découvrir un immense parterre d'artistes populaires que nous connaissions quasiment tous.

Mais les temps changent et depuis quelques années, la Cérémonie est entrée dans un cycle de dévaluation.

Les « GRANDS »du cinéma français ont disparu peu à peu, laissant les plateaux de cinéma vides comme les hauts-lieux de la Cérémonie des Césars. Et ces immenses artistes, hélas, n'ont pas été remplacés. S'il existe toutefois encore quelques talents du grand écran, ils ne sont plus aussi nombreux, et de toute manière, ils ne peuvent mettre en lumière leurs qualités d'acteur et leurs capacités professionnelles, en raison des rôles qui leur sont attribués dans des films médiocres. Oui, les films ne sont plus à la hauteur d'un vrai cinéma. Les films d'auteur ont quasiment disparu, et quant aux autres, ceux que l'on désignait autrefois comme des films commerciaux, sont de vulgaires et de mauvaises comédies qui ne présentent aucun intérêt : des scénarios bâclés, des histoires banales et sans relief, des mises en scènes râtées, indignes d'un professionnalisme audioviosuel. Il est vrai qu'à l'heure actuelle, n'importe quel quidam s'improvise réalisateur ou metteur en scène. Et pour être devenu depuis mon adolescence un spécialiste du cinéma, je constate même que les scènes sont assez souvent mal cadrées au niveau de la photographie, sans omettre également les montages mal ficelés et qui entraînent de surcroît une incompréhension pour le spectateur.

Quant à la présentation des « Césars », sur scène, elle relève de la plus grande médiocrité où cette année, par exemple, on a vu un Jérôme Commandeur qui parlait beaucoup pour ne rien dire, incompréhensible dans ses propos, voulant faire l'humour à deux balles, mais ne faisant rire ou sourire que certains spectateurs de l'Olympia, représentant sans doute la claque théâtrale et donc payés à l'avance pour applaudir l'humoriste.

Je me souviens encore de la première Cérémonie des Césars : Qu'elle était belle et prestigieuse. Avec Pierre Tchernia pour maître de cérémonie, Jean Gabin, Michèle Morgan, Robert Enrico, Philippe Noiret, Romy Scheinder, Bertrand Tavernier, Jean-Claude Brialy, Marie Laforêt, Yves Simon, Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Serge Reggiani, Jean Lefebvre, Jean-Pierre Marielle, Vivtor Lanoux, Marie-France Pisier, Isabelle Huppert, Patrick Dewaere, et tant d'autres que je ne nommerai pas en raison de leur nombre trop important.

Bien évidemment, l'exemple ci-dessus n'est qu'un tout petit fragment de la longue liste des « Césars » dont les images fastueuses et les souvenirs indéllébiles sont restés dans la mémoire de chacun d'entre nous depuis plusieurs décennies.

De nos jours, le grand cinéma français s'est éteint avec les monstres sacrés de l'écran qui ont disparu eux-mêmes dans les archives de l'histoire du 7 ème Art. Aussi, les salles de cinéma se vident et certaines ferment actuellement d'une manière définitive.

C'est désormais le grand déclin du cinéma qui fut à une époque, notamment dans les quartiers ou les villages, un lieu de rencontre et de convivialité. Le cinéma moribond, c'est aussi la chute des grandes cérémonies du grand écran, aujourd'hui, la Cérémonie des Césars et demain peut-être, les festivals du même genre, en France ou à l'étranger.

Sans vouloir être pessimiste, je crains fort que la Nuit des Césars s'estompe d'ici 4 à 5 ans, dans les ténébres de l'oubli.

La Dernière Séance ou Cinéma Paradisio, c'est maintenant. Sans bons films, il n'y aura plus de grands acteurs. Et sans grands acteurs, il n'y aura plus de bons films. L'exemple de la Cérémonie des Césars de vendredi, en est la preuve réelle. Et pour l'instant, je ne vois pas comment le cinéma français pourrairt se relever d'un tel désastre.

Pierre Reynaud

 

 

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