« La Résistance n’aurait jamais existé sans les femmes »

Une statue et un parvis inaugurés à Alençon

Une statue de Fanny Ferré a été inaugurée, samedi 10 août, sur le parvis de la gare à Alençon pour un hommage aux Résistantes à l’occasion du 80e anniversaire de la Libération.

« La Résistance n’aurait jamais existé sans les femmes. Elles étaient partout et elles étaient la structure interne de la Résistance ».

Inauguration de la statue de Fanny Ferré sur le parvis des Résistantes à Alençon, samedi 10 août.

La statue de Fanny Ferré sur le parvis des Résistantes a été inaugurée à Alençon, samedi 10 août. ©L’Orne hebdo

C’est par cette citation de Daniel Cordier, historien et secrétaire particulier de Jean Moulin, que Sébastien Jallet, le préfet de l’Orne, a rendu hommage aux Résistantes, samedi 10 août 2024, à l’heure de l’inauguration de la statue sur le parvis de la gare d’Alençon (Orne), désormais dénommé parvis des Résistantes.

Symbole de la bravoure et du sacrifice des résistantes

Œuvre de Fanny Ferré, sculptrice de Saint-Sulpice-sur-Risle (Orne), cette statue « est bien plus qu’une œuvre d’art : elle est le symbole de la bravoure et du sacrifice des femmes qui se sont levées contre l’oppression, qui ont risqué leur vie pour protéger celles de leurs pairs, et pour résister à la barbarie », a ouvert Joaquim Pueyo, le maire d’Alençon.

« Un combat à égalité avec les hommes »

« Elles étaient mères, filles, sœurs et ont trouvé la force de combattre, de transmettre des messages clandestins, de sauver des vies et de lutter sans relâche pour un avenir meilleur », a encore déclaré Joaquim Pueyo selon qui « sélectionner un, dix ou même cinquante noms n’aurait pas été un message suffisant pour honorer, comme il se doit, toutes ces invisibles qui ont agi avec bravoure ». Un parvis et une statue leur sont désormais dédiés à Alençon.

« Elles étaient dactylos, agents de liaisons, messagères, francs-tireuses, infirmières. Elles ont sauvé des enfants juifs des trains, ont ravitaillé les maquis », a poursuivi le préfet de l’Orne toujours à l’occasion de cet hommage aux Résistantes de l’Orne « dont les noms restent souvent méconnus et, à travers elles, le combat qu’ont mené ces femmes à égalité avec les hommes alors même que leur statut de citoyenne n’était que partiel ».

Résister : un verbe à conjuguer au présent

Sébastien Jallet a notamment salué les mémoires des Ornaises Annette Lajon, Marie-Thérèse Auffray, Françoise Comte, Marie Croisé, Micheline Garnier, Yvette Bunel et Bernadette Mars mais aussi celles de Paulette Duhalde, Nicole de Hauteclocque, Germaine Tillon, Lucie Aubrac et Gilberte Brossolette.

Et enfin celles « de toutes les anonymes qui ont également lutté dans l’ombre pour que la flamme de la Résistance, appelée par le Général de Gaulle, ne s’éteigne pas ».

Le retour de la guerre sur le sol européen nous rappelle à quel point la paix demeure fragile.

Sébastien Jallet, préfet de l’Orne.

Il souhaite que ce 80e anniversaire de la Libération « marque le passage du flambeau entre le devoir de mémoire et « le travail de mémoire », cher à Simone Veil. Il s’agit de rappeler aux jeunes générations que rien n’est acquis et que, face à l’inacceptable, le mot « résister », pour reprendre l’expression de Lucie Aubrac, « doit toujours se conjuguer au présent ».

« Le chemin de la sororité »

Auparavant, Chantal Jourdan, la députée de l’Orne, a salué « ce travail de visibilisation des femmes menées avec des actes concrets ». Elle a aussi remercié la Ville d’Alençon pour la diffusion du chant « A la gloire des femmes en deuil » de Mathilde après le dévoilement de la statue. « Cette chanson montre le chemin de la sororité, une valeur de la République à porter haut et fort contre toute manœuvre de domination ».

Qui est Fanny Ferré ?

Cette statue a été réalisée par Fanny Ferré à la demande de la Ville d'Alençon. Sculptrice basée à Saint-Sulpice-sur-Risle (Orne), Fanny Ferré a étudié à l'école nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.  " Vous y avez développé un style singulier et expressif souvent centré sur la condition humaine et des instants du quotidien ", a souligné Joaquim Pueyo, le maire d'Alençon, lors de l'inauguration, samedi 10 août.
Artiste de renom, Fanny Ferré a notamment exposé au Vatican, à la collégiale de Saint-André à Chartres ou encore à la galerie Capazza de Nançay (Cher).
Elle est lauréate du prix du Salon international de la sculpture à Paris et du prix Max Laeuger en Allemagne.
À Alençon, Fanny Ferré avait présenté quelques-unes de ses œuvres issues du Fonds départemental d'art contemporain à la galerie Estiv'Art en 2022.
" Votre talent et votre engagement font de vous une figure importante de l'art contemporain et nous sommes ravis d'accueillir à Alençon, votre première œuvre de commande réalisée sur mesure pour l'occasion ", a conclu le maire non sans remercier Patricia Roussé, conseillère municipale déléguée aux luttes contre les discriminations, " pour son investissement et sa persévérance dans ce dossier ".

Karina Pujeolle

Date de dernière mise à jour : 12/08/2024

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